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L’anarchosyndicalisme questionné

Publié le 26 novembre 2006

  Le syndicalisme doit-il être non-idéologique ?

Tout discours sur les choix de société, que ce choix consiste en un maintien ou un changement, est idéologique. Seule l’idéologie permet de saisir et d’élaborer du sociétal. Tout groupe qui poursuit un but social ou politique est mû par une idéologie, qu’il s’en réclame ouvertement ou qu’elle soit implicite. Le syndicalisme n’échappe pas à la règle. Comme les autres forces sociales, il est à la fois production et producteur d’idéologie.

Quand le "syndicalisme" se prétend non-idéologique il est soit un simple conglomérat d’individus qui n’ont pas grand chose en commun (et qu’un débat un peu profond sur quelque problème sociétal d’envergure ferait exploser), soit un conglomérat de gens qui ont tellement intégré l’idéologie dominante qu’ils ne peuvent plus s’y soustraire et qu’ils se satisfont d’un profil revendicatif (éventuellement d’un "syndicalisme de combat") mais sans remettre en cause le principe même de l’exploitation (comme le font aux USA des syndicats hyper-activistes dans la forme mais hyper-réformistes dans le fond), soit, le plus souvent, une courroie de transmission. Dans ce dernier cas, le syndicat soit disant non-idéologique a subi en fait un travail d’anéantissement théorique de ses options de départ pour le compte d’une autre force (qui pratique dans le syndicat l’entrisme, le noyautage). Le refus affiché de l’idéologie et l’apolitisme sont alors la marque de cette prise en main de l’intérieur. L’expérience sur ce point est ancienne. En France, la "Charte d’Amiens" (1906) qui prétendait aux principes de neutralité, d’apolitisme, d’indépendance et de non-intrusion entre les sphères d’activité du syndicat (revendications salariales immédiates...) et celles des partis (auxquels reviendrait le choix de société et sa future gestion) a assuré successivement le triomphe des réformistes puis des marxistes-léninistes dans le mouvement social.

C’est contre cette conception que s’élève l’anarchosyndicalisme. Celui-ci reconnaît que la société actuelle est façonnée par trois grands types d’ordres : idéologique, politique, économique. La société dans laquelle nous vivons s’organise sur la base de l’exploitation d’une classe sociale et découle de la co-action dans le monde entier de ces trois ordres : économique (capitalisme, quelle qu’en soit la nature juridique), politique (étatisme, quel qu’en soit le régime), idéologique (domination, quelles qu’en soient les variantes), ce qui les rend consubstantiels au système social en vigueur. Ils se corroborent et se pérennisent dans leurs modes et rapports. Dès lors, ne viser à changer, pour des raisons tactiques, qu’un seul des trois ordres est une erreur, car les deux autres ordres travaillent à rétablir continuellement celui qui se trouve momentanément en situation de faiblesse. Choisir un seul angle d’attaque, c’est, on le comprend dès lors, s’engager dans l’impasse du parcellaire et du fragmentaire.

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