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Bléssé avant d’avoir été touche

Publié le 15 avril 2008

Les derniers mouvements étudiants ont donné lieu à un nombre impressionnant d’inculpations et de procès. Souvent, le “motif” en est fort mince, quand il n’est pas monté de toutes pièces.

Le procès d’Adrien s’est déroulé ce mardi 29 janvier, à la 28e chambre du TGI de Paris, en présence de nombreux amis d’Adrien et en l’absence du plaignant.(comme l’a dit le procureur : "La lutte, c’est avant tout le courage qu’il faut exprimer à tout moment...").

La juge a tout d’abord rappelé les faits établis d’après les dépositions de la victime et des agents de sécurité de l’Université. Elle a relevé que les anti-bloqueurs avaient cherché à pénétrer de force dans l’enceinte de l’université, en montant à l’assaut d’un barrage formé de chaises et de tables ; et que c’est à l’occasion de cette action violente des anti-bloqueurs que le plaignant aurait été blessé. Si le lien entre Adrien, qui a reconnu avoir lancé une chaise pour reconstruire la barricade et la blessure de la victime n’a pas pu être établi (et pour cause, comme on le verra quelques lignes plus bas), la juge semblait quand même voir une causalité entre les deux évènements. La procureur s’est ensuite désolée de cette bien piètre image de la démocratie qu’ont donné les deux camps dans cette bataille, chacun cherchant à faire prévaloir ses opinions par la force. Même si elle n’a pu que constater que le lien entre le geste d’Adrien et la blessure de son accusateur ne pouvait être établi, même si elle a dû admettre qu’Adrien n’avait manifestement aucune intention de blesser et qu’il cherchait simplement à reconstruire la barricade, du fait que jeter un objet pouvant potentiellement blesser quelqu’un, la procureur a maintenu la qualification de "violences volontaires".

La plaidoirie de l’avocat a permis de mettre en évidence le caractère politique de ce procès, et de l’instrumentalisation d’une affaire somme toute bénigne afin de servir d’exemple.
Tout d’abord il a été démontré que cette plainte s’inscrit dans une démarche militante de la part d’un plaignant lui même responsable public d’une association d’étudiants catholiques traditionalistes.

Il a été relevé l’extraordinaire "efficacité" des services de police du XVIIIe arrondissement qui, en moins d’un mois et alors que la plainte initiale avait été déposée au commissariat de Neuilly, ont pu boucler cette enquête toutes affaires cessantes, avec garde à vue et perquisition à la clef.

Mais cette "efficacité" policière n’a été que toute relative : sans doute par distraction, un témoignage en faveur d’Adrien n’avait pas été pris en compte par les enquêteurs. Il était pourtant de poids. Il faut dire que ce témoin, présent à l’audience (et nous le remercions de son courage), permet de démontrer que le plaignant s’était blessé lui même alors qu’il démontait la barricade. Ces faits sont d’ailleurs corroborés par les dépositions des agents de sécurité, qui décrivent le plaignant exhibant sa blessure sanglante et maculant les portes de l’université de son sang, et cela alors qu’aucune chaise n’avait encore été lancée ! On l’a dit, l’accusateur n’est pas venu. Peut-être n’avait-il pas trop envie d’être confronté à ces témoignages effectivement bien gênants pour lui.

Par ailleurs, il est à remarquer que c’est cette affaire qui a servi de prétexte à l’administration de la fac pour demander l’intervention policière dans la campus.

Dans certaines traditions militantes, il est courant d’utiliser le fait d’être blessé pour servir "la cause". Cette affaire tombe donc opportunément, et même en l’absence de réalité du fait incriminé (puisque les témoignages démontrent que la blessure a eu lieu avant qu’une chaise soit lancée), il y a une volonté manifeste d’instrumentalisation de la justice pour fabriquer un exemple. La relaxe a donc été demandée par l’avocat. Enfin, à la question de la juge qui demandait à Adrien s’il acceptait de faire des TIG, celui ci a répondu non, car il n’était pas coupable, ce qui a agacé la juge qui estimait avoir tendu une perche. La procureur, sautant sur l’occasion et bien qu’elle ait reconnu que les faits ne justifiaient pas de leur renvoi devant le tribunal correctionnel, a requis une peine d’un mois de prison avec sursis. Le verdict a été reporté au 1er avril prochain.

Le Comité justice pour Adrien remercie toutes celles et tous ceux qui se sont solidarisés en signant la pétition et en venant au procès soutenir notre ami. Il appelle d’ici le verdict à maintenir la solidarité financière et vous donne rendez vous au premier avril prochain. Vos chèques à l’ordre d’Adrien peuvent être envoyés à : Comité Justice pour Adrien
108 rue Damrémont 75018 Paris.

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