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Quand la bourgeoisie à peur des classes populaires

Publié le 14 janvier 2019

"La révolution par laquelle la classe ouvrière accédera au pouvoir et à la liberté n’est pas un événement unique d’une durée limitée. C’est un processus d’organisation, d’auto-éducation, au cours duquel les travailleurs trouveront peu à peu, tantôt par une progression régulière, tantôt par bonds, la force de vaincre la bourgeoisie, de détruire le capitalisme et de construire un nouveau système de production collective."

Anton Pannekoek

Il arrive parfois, que l’histoire, se répète. En effet depuis quelques semaines, un mouvement contestataire est apparu : des individus affublés d’un gilet-jaune fluo (ndr : que la sécurité routière a imposé à tous les citoyens français possédant une voiture). Nos contestataires occupent les ronds-points de tout le territoire, et manifestent aussi leur mécontentement dans la rue. Ce mouvement est apparu en réaction aux surplus de taxes que nous payons et à la limitation de vitesse à 80Km/H. Il n’en a pas fallu moins pour que la presse aux ordres du gouvernement, se déchaîne en étalant tout leur mépris sur ces gens.

Le parallèle avec le début de la Commune de Paris de 1871, est troublant, les citoyens parisiens de cette époque exaspérés par les défaites militaires françaises face à l’Allemagne, et donc poussés par une fièvre patriotique, exprimèrent leur mécontentement : le commencement de la Commune de Paris, n’était donc pas tellement prolétarien ! Pourtant les communards finirent par réaliser au fil des jours, sans trop le savoir, l’une des premières tentatives révolutionnaires de l’histoire moderne, où les classes laborieuses relevèrent la tête, s’organisèrent notamment en démocratie directe. Elle est même devenue une référence essentielle des mouvements révolutionnaires toutes tendances confondues ( anarchiste, communiste et social-démocrate !!! ).

Il ne s’agit pas ici de dire que les gilets jaunes sont les nouveaux communards, mais de constater que dans une situation pré-révolutionnaire ou carrément révolutionnaire, les gens apprennent très, très vite. Des revendications réactionnaires peuvent se muer rapidement en revendications révolutionnaires suivant l’évolution tout aussi rapide des personnes engagées dans une lutte sociale autonome. Et nous vivons actuellement une situation sociale qui se rapproche d’une situation pré-révolutionnaire.

Comme les Communards de 1871, les gilets jaunes subissent le mépris et la condamnation des élites, mais surtout aussi des intellectuels. Ceux-ci n’hésitent pas à considérer ces GJ comme des nouveaux fascistes, des "beaufs", des "xénophobes" (forcément !) qui "ne savent pas parler", à qui il "faudrait supprimer la redevance télé pour les calmer, parce qu’ils n’ont pas beaucoup de loisirs". Certains de ces donneurs de leçon critiquent le fait qu’il n’y ait aucun leader alors que d’autres les imaginent manipulés par l’extrême droite (ndr : d’ailleurs à ce propos l’un des "porte paroles", s’est présenté sur une liste FN en Canet en Roussillon, liste soutenue par le P.S, oui,oui !). On résumer aussi ce mouvement à une simple jacquerie rurale et périurbaine,etc...

Alors que dans le même temps ces intellectuels soi disant de gauche encensent une classe ouvrière fantasmée, celle des trentes glorieuses aurait été soi disant inféodée à la CGT et au PCF.

Ils font mine de pas voir que les GJ sont essentiellement constitués d’ouvriers et même de prolétaires "issus de l’immigration". Ces gens là quand ils parlent de classe moyenne, ne savent pas ce qu’ils racontent et font de la confusion volontairement. Nous avons les intellectuels que nous méritons ! Il est à noter aussi que quasiment aucune des grandes organisations de gauche ou d’extrême gauche ont rejeter pendant longtemps ce mouvement : Martinez de la CGT avait même dit que c’était un mouvement fasciste (carrément !).

J’ai été terrifié quand j’ai constaté l’état du mouvement ouvrier en France ou ce qu’il en reste. Je m’explique, j’ai senti une haine de la part des gens de gauche et d’extrême gauche pour ce mouvement, considérant eux aussi les gilets jaunes comme des gros beaufs. Pourtant au bout d’une ou deux semaines, j’ai les ai vu en parfait opportuniste courir après ce mouvement. Force est de constater que ces crétins sont incapables d’imaginer qu’un mouvement puisse se développer sans eux ; ils ne peuvent pas concevoir, que des gens qu’ils méprisent à longueur d’années puissent tout remettre en question et prendre leurs vies en main.
Les gilets jaunes que j’ai rencontrés à Toulouse et dans le Tarn, n’appartenaient à aucune mouvance particulière. Pour la plupart d’entre eux c’était leur première mobilisation et, rappelons le, personne ne nait anarchiste et révolutionnaire. J’y ai rencontré des personnes plus ou moins poujadistes , mais aussi des libéraux, des anti-étatistes, des conservateurs, des soc-dems, des staliniens, des fachos, des anarchistes de divers courant, des révolutionnaires, mais surtout beaucoup de gens sans étiquette politique, en un mot le Peuple.

J’ai ressenti quelque part un grand bol d’air frais, il n’y avait pas ces militants donneurs de leçons, qui se prétendent super conscients, mais qui curieusement ne réalisent pas que le mouvement des gilets jaunes est peut être une amorce de révolution.

A tous ces gauchistes qui parlent toute l’année de révolution, sachez qu’une révolution c’est toujours un moment de confusion totale . Si vous pensez que ce mouvement n’est pas valable parce que les GJ se foutent pas mal de l’écriture inclusive, qu’ils ne sont pas à la pointe de la lutte LGBT, qu’ils ne parlent pas d’immigrés sans papiers dans leurs revendications : eh bien vous êtes des bourgeois comme les autres !

Il y a aussi du moins bon. Malheureusement des nervis d’extrême droite tentent d’infiltrer ce mouvement profitant de sa base très large, très hétérogène. De purement matérielles au départ, elles sont devenues rapidement plus sociales , plus globales. Il est vrai qu’il existe un certain interclassisme dans ce mouvement, mais tôt ou tard les antagonismes de classes resurgiront. Il est vrai qu’on y trouve des petits artisans et petits patrons qui protestent sur le trop de taxe, mais on y rencontre surtout des chômeurs, des ouvriers, des retraités...

Ensuite nos anti-fascistes de salon nous expliquent que c’est un mouvement nationaliste car des gilets jaunes chantent la Marseillaise et blablabla... Non seulement la Marseillaise a été un chant révolutionnaire ( eh oui les Bolchéviques la chantaient eux mêmes pendant la révolution de 1917), mais la Commune de Paris n’a-t-elle pas vu le jour en réaction à l’invasion prussienne et donc sous l’égide du patriotisme avant de se transformer radicalement en mouvement authentiquement révolutionnaire ? Les gauchistes reprochent également à certains gilets jaunes de crier "la police avec nous", les taxant alors de réacs. Est-il besoin de rappeler que des révolutions ont commencé quand une partie de l’armée et de la police ont rejoint les rangs des révolutionnaires ? La Commune de Kronstadt et la révolution Allemande en sont des exemples historiques.

On réalise que la lutte des classes n’avait jamais vraiment disparu mais avec ce mouvement nous constatons l’état pitoyable, d’un mouvement ouvrier oùl es soi-disant militants révolutionnaires, ne sont pas là où ils devraient êtres, c’est à dire dans la rue avec les prolétaires.

Si ce mouvement évolue en quelque chose de réellement fasciste (pour de vrai), ces antifascistes de salon auront leur responsabilité.

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