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Les« anarchistes » dans la Révolution française

Publié le 14 janvier 2019

Nous avons souvent lu et récemment encore sous la plume de Michel Onfray cette éloge du girondisme , du nom de cette fraction de conventionnels qui en 1792 s’opposait aux jacobins , consistant à le présenter comme un simple adversaires du centralisme jacobin .

Rappelons que la question du fédéralisme qui a opposé durant la révolution française jacobins et girondins n’était que la conséquence de l’affrontement entre la bourgeoisie s’étant accaparé le biens nationaux et qui voulait stopper la Révolution et le peuple plongé dans la misère . Devant la crise des subsistances de l’hiver 1792 /1793 et l’augmentation des prix des denrées de nombreuses émeutes et pillages éclatèrent dans tout le pays avec pour résultat une nouvelle poussée révolutionnaire dirigée contre le gouvernement girondin soutenu par les gros négociants de Nantes et Bordeaux .

Les questions que posaient les révolutionnaires de 1793 étaient celles de la loi agraire, de la fixation d ‘un salaire minimum et d’un prix maximum pour les denrées alimentaires . Comme on le sait cet affrontement allait se traduire momentanément par la chute des girondins dont la fin tragique et la propagande conservatrice allait alimenter une vision romantique à la façon de Alphonse de Lamartine dans son « histoire des girondins »

Sans ce rappel historique comment comprendre que ce fût précisément à un des chefs de file du parti girondin , Jean Pierre Brissot , que l’on doit la publication en mai 1793 d’une longue lettre de 148 pages à ses électeurs dont le titre était éloquent « Lettre sur la situation de la Convention nationale , sur l’influence des anarchistes et les maux qu’elle a causé , sur la nécessité d’anéantir cette influence pour sauver la République « Dans cette lettre Brissot compare la situation alors insurrectionnelle de Paris avec celle de certains départements qui ont su enchaîner ( comme il dit ) la fureur ces « anarchistes » .

Ainsi du département de la Gironde où « le peuple s’y est soumis à la loi , quoiqu’il payât le pain jusqu’à dix sols la livre « . Il poursuit en décrivant la situation à Orléans ville qui demeura calme malgré la disette jusqu’ à l’arrivé de détestables anarchistes qui dénoncèrent l’existence de stocks alimentaires détenus par des spéculateurs.

Dans cette lettre Brissot propose l’élection d’une nouvelle Assemblée qui devra s’éloigner de Paris . Cette mesure d’éloignement du pouvoir de la capitale révoltée , que n’aurons pas le temps d’appliquer les girondins , sera celle retenue par Thiers en 1871 pour massacrer les communards.

C’est à ce complot criminel de la bourgeoisie girondine contre le peuple pour anéantir l’élan révolutionnaire en anéantissant la capitale que l’on doit la légende romanesque du fédéralisme girondin .

Tout cela n’a pas échappé à Kropotkine qui dans son ouvrage la Grande Révolution en 1909 posera cette question  : " Mais qui sont ces anarchistes dont Brissot parle tant et dont il demande avec tant d’acharnement l’extermination ? ".

La réponse qu’il apporte mérite d’être relue entièrement pour son actualité et nous ne donnerons ici que quelques extraits significatifs « D’abord les anarchistes ne sont pas un parti . Ce sont des révolutionnaires disséminés dans toute la France (...) Ils se sont donnés à la Révolution corps et âmes , ils en comprennent la nécessité , ils l’aiment et ils travaillent pour elle (…)
Et quand il faut donner un coup de collier , enflammer le peuple et marcher avec lui contre les Tuileries , c’est eux qui préparent l’attaque et combattent dans le rangs (...) Le jour où l’élan révolutionnaire du peuple sera épuisé , ils rentreront dans l’obscurité. Et il n’y aura que les pamphlets remplis de fiel de leurs adversaires pour nous permettre de connaître l’immense œuvre révolutionnaire qu’ils ont accompli . »

Puisqu’il n’a échappé à personne combien la Révolution française faisait référence dans le mouvement des GJ il n’était plus inutile aujourd’hui de rétablir ces faits historiques , puissent ils nous servir pour comprendre la portée des événements actuels

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