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DOMMAGE POUR LA CATALOGNE

Publié le 9 octobre 2017

Barcelone n’est plus ce qu’elle fût. La glorieuse capitale de l’anarchisme ibérique s’est transformée en une mégapole traversée par toutes les modes ; celles du fric, mais aussi celle du fanatisme et du sentiment identitaire. En conséquence, c’est l’ennemi historique de l’anarchisme, le nationalisme, catalan, avec ses affairistes et ses politiciens, qui tiennent le haut du pavé et domine les esprits. Les événements de cet été, qui se sont succédé dans et autour de la capitale régionale, ont tour à tour mis en scène les uns et les autres.

Il y a d’abord eu cette attaque contre un bus de touristes par quatre individus cagoulés se réclamant du mouvement « Arran ». Heureusement, cette action particulièrement stupide n’a fait aucune victime. Selon son porte-parole, son but était purement médiatique. Nous savons que, de nos jours, le ridicule ne tue pas mais qu’il est un moyen de faire du bruit virtuel. Comment dit-on « buzz » en catalan ? En tout cas, « Arran » se traduit par racines. Rien d’original là-dedans car, dans notre monde moderne, la métaphore écolo-politicienne fonctionne à pleins tubes ; les racistes parlent de souche et les gauchistes auraient des racines. La spéculation immobilière fait flamber les loyers et ceux qui raisonnent avec leurs pieds (de vigne ?) attaquent des touristes, à chacun ses bouc-émissaires.

En politique, la tragédie n’est souvent pas loin de la farce. Quelques jours après cet incident sans gravité, mais intellectuellement pénible à supporter, les islamistes ont également choisi la cible touristique pour sévir. Le massacre du 17 août 2017, sur les Ramblas de Barcelone, et l’attaque de la plage de Cambrils ont mis en avant un autre pur produit du chauvinisme local que sont les « mossos de esquadra », la police catalane. Rappelons que, suite au mouvement dit des indignés qui l’étaient suffisamment à Barcelone pour obliger le « govern » (en dialecte catalan, on le dit comme ça pour dire gouvernement) à s’enfuir en hélicoptère en 2011, le pouvoir a édicté une série de lois répressives contre les contestataires qui l’avaient placé en si mauvaise posture. Ces lois ont permis aux politiciens catalans d’étancher leur rancune et aux célèbres « mossos » de s’illustrer dans une répression arbitraire qui connut son apogée avec deux séries d’opérations nommées « Pandora » et « Piñata » (voir encadré). Ces opérations furent du type de celles que tout État sait mener contre ses ennemis, un grand spectacle « sons et lumières », celui d’une foule de policiers sur-équipés et sur-armés s’agitant au son d’accusations mensongères : Les cibles étaient éloquentes, l’Athénée Anarchiste de Poble Sec, l’Athénée Libertaire de Sant Andreu, ainsi la maison occupée « Kasa de la Muntanya » …

Depuis 2015, vingt personnes poursuivies comme appartenant à la mouvance anarchiste [1] ont arbitrairement été placées sous les verrous ... Et, tout cela s’est terminé sur deux jugements rendus en 2016 et 2017 par le haut tribunal espagnol, lequel a, à chaque fois, désavoué et annulé ces deux opérations en dénonçant l’action abusive du « govern » catalan. Dépités et s’essuyant la bave qui leur coulait des lèvres, flics et politiciens catalans ont dû relâcher leurs proies.

La sardane des menteurs.

Tout comme le dit un dicton, on ne peut pas courir deux lièvres à la fois, et les fameux « mossos de esquadra », trop occupés à persécuter des innocents, ont négligé des religieux criminels. Ce 17 août 2017, la camionnette meurtrière des Ramblas a donc pu courir comme elle l’a voulu et écraser de paisibles touristes dont un enfant de 7 ans. Aussitôt, les « mossos » se sont plaints que eux, pauvres petits policiers, étaient sans moyens (sauf visiblement contre les Anarchistes) et qu’ils avaient été mis à l’écart des renseignements détenus par les méchants flics espagnols. A leur suite, le chef du « govern » est monté au créneau pour déclarer, le 29 Août, qu’une police catalane ne suffisait pas et que « une armée catalane était indispensable » (pour mieux défoncer les portes des athénées libertaires qui leur font si peur ?). Ces mensonges d’État (pardon de govern) n’ont tenu que quelques jours car la presse a révélé que, l’an dernier déjà, la police belge avait pris directement contact avec un officier des « mossos de esquadra » pour lui signaler la dangerosité de l’iman de Ripoll et, en mai 2017, c’est la CIA qui avait informé les « mossos » du risque d’attentat qui planait sur les Ramblas. Les « mossos » et les politiciens catalans ont commencé par menacer les journalistes puis ont décidé de mentir, les yeux dans les yeux, que jamais de la vie, au grand jamais, ils n’avaient eu ces renseignements. Ce n’est que, une fois, placés devant l’évidence des preuves qu’ils ont piteusement fini par avouer qu’ils avaient sciemment menti.

Pour clore cette ronde, les nationalistes catalans se sont mobilisés pour transformer la marche du 26 août 2017, marche qui se déroulait en hommage aux victimes des attentats, en une démonstration de chauvinisme ; et cela, au mépris des victimes. Des drapeaux, des centaines de drapeaux catalans, étaient déployés en tête de cortège, sans aucun rapport avec les victimes des attentats. Il y était dénoncé, tenez-vous bien, l’islamophobie et, cela, tout en suscitant et en stimulant l’hispanophobie. Pour les catalanistes qui venaient d’être pris la main dans le sac, ou mieux, dans leur boîte à manipulations, cette récupération était primordiale pour relancer le processus sécessionniste dont le nouveau point culminant devait être le référendum du 01° octobre 2017 sur le thème du « pour ou contre » l’indépendance d’une mystification nommée "peuple catalan".

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