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UNE CHRONOLOGIE LOCALE

Publié le 8 décembre 2014

Au fil des mois la lutte contre le barrage de Sivens a pris un aspect de plus en plus libertaire, les militants et sympathisants de la CNT-AIT, bien implantés localement, participent aux AG et aux manifestations de la ZAD, notre journal « Anarchosyndicalisme ! » en rend régulièrement compte depuis le début.

Samedi 25 octobre, une table de presse de la CNT-AIT région MP se tient lors du rassemblement national sur le site du barrage, de nombreux contacts sont pris, 150 journaux sont alors diffusés. Ce bilan est à comparer avec l’accueil réservé aux politiciens gauchistes comme Mélenchon, qui reçoit des œufs pourris…

Le meurtre de Rémi a lieu quelques heures plus tard. Dès le dimanche les premiers rassemblements se déroulent dans différentes petites villes des alentours où d’autres affrontements ont lieu avec la police.

Le lundi 27 octobre à Toulouse, une banderole fait le lien entre le meurtre de Rémi et celui d’autres jeunes abattus par la police. Toute la semaine la colère monte et il s’organise une première manifestation régionale à Toulouse. Cette manifestation est non déclarée et autonome.

Le samedi 1er novembre cette manifestation est sévèrement réprimée par une police en surnombre, soutenue par les mensonges médiatiques et couverte par le silence complet des organisations politiques et syndicales de gauche et d’extrême-gauche. Nous apprenons aussi qu’à Nantes et à Paris, l’Etat s’est permis de réprimer et d’interdire des rassemblements de solidarité.

Le dimanche 2 novembre, devant cette grave situation, les militants de la CNT-AIT de la région se réunissent à Toulouse et décident de faire entendre la voix de notre organisation, le communiqué suivant est rédigé et diffusé  :

«  CNT-AIT Toulouse, 2 novembre 2014 - Contre les violences policières  : la mobilisation ne peut que se développer et s’amplifier.

En 1986, pour briser la révolte de la jeunesse, le gouvernement de droite adoptait la stratégie de la tension. Malik Oussekine en est mort.

En 2014, le gouvernement de gauche adopte la même stratégie contre les opposants au barrage du Testet. Rémi Fraisse en est mort.

Hier, samedi 1er novembre, nous avons assisté à Toulouse à la mise en œuvre de cette même stratégie. En hommage à Rémi Fraisse, un rassemblement pacifique de 2 000 personnes place du Capitole a été empêché de manifester dans les rues, pourtant piétonnières, puis volontairement fractionné par un dispositif policier surdimensionné et surarmé qui n’a pas hésité à gazer les nombreux promeneurs. Pourquoi cela ? Pour tenter de retourner la population contre les manifestants. Cette stratégie honteuse est vouée à l’échec

Ainsi aujourd’hui, plus de 3 000 personnes se sont réunies au Testet, en hommage à Rémi et pour protester contre les violences policières. Soulignons que, comme il n’y avait aucun képi à l’horizon, tout s’est déroulé sans aucun incident.

Face aux atteintes aux libertés fondamentales, face à l’Etat qui nous méprise, face aux médias qui nous mentent , la mobilisation populaire ne peut que se développer et s’amplifier . »

Le samedi 8 novembre, un nouveau rassemblement est interdit par la préfecture, celle-ci enferme les manifestants dans un piège. Des militants de la CNT-AIT à visage découvert, participent publiquement à évacuer les manifestants gazés par la police.

«  Communiqué CNT-AIT Toulou-se, 09 Novembre 2014
Par communiqué du 2 novembre 2014 nous avions fait le constat de la mise en œuvre par le gouvernement et sa police de la stratégie de la tension. Samedi 8 novembre, l’interdiction de la manifestation toulousaine en hommage à Rémi Fraisse et contre les violences policières a participé de la même stratégie. Malgré tout le dispositif de répression mis en place, ce sont près de 2 000 personnes qui n’ont pas hésité à braver l’interdiction de l’État (responsable direct de la mort de Rémi). L’État, à la fois juge et partie, était à ce titre, totalement illégitime à interdire cette manifestation.

Comme la semaine dernière, la manifestation a démarré dans le calme ; comme la semaine dernière la violence est venue de la police. Comme la semaine dernière, les provocations policières ont précédé les mensonges des medias.

Face aux atteintes aux libertés fondamentales, face à l’État qui nous méprise, face aux médias qui nous mentent, la mobilisation populaire continuera de se développer et s’amplifier.

Libérez nos camarades. Justice pour Rémi. Justice pour tous. »
A partir du 12 novembre, 3500 de «  Un autre futur », consacré à Sivens, sont diffusés dans la région.

Le 15 novembre, journée nationale d’action des syndicats contre l’austérité. Nous décidons d’y organiser un cortège anarchosyndicaliste avec nos drapeaux, pour dénoncer les violences policières. Nous pensions – certainement naïvement – y trouver des militants de la FAU (section allemande de l’AIT), qui étaient en réunion à Toulouse dans les locaux de SUD, cela ne fut pas le cas. D’ailleurs, depuis le début nous n’avons vu aucune organisation libertaire apparaître dans le mouvement.

Le 18 Novembre, diffusion d’un troisième communiqué largement partagé dans les réseaux sociaux dénonçant une tentative de manipulation.

« CNT-AIT Toulouse 18 novembre - Communiqué concernant la journée du 22 novembre

Il a fallu attendre un mois pour que les organisations syndicales et politiques de gauche appellent à un rassemblement contre les violences policières et le meurtre de Rémi.

Non contents d’être en retard sur les événements, ils sont aussi à côté de la plaque. En effet, alors qu’une manif était prévue de longue date dans l’après midi du 22 novembre par l’ensemble du mouvement, ils appellent à une manif le matin du même jour.

Leur objectif est clairement de casser une dynamique en divisant les participants. Cette manœuvre de division est d’autant plus honteuse et scandaleuse qu’ils affirment dans leur communiqué que eux seront pacifiques, ce qui laisse entendre que ceux qui ont manifesté et manifesteront en dehors de leurs rangs ne le sont pas.

Prétendant manifester contre les violences et les provocations policières et désignant tous ceux qui jusqu’ici se sont mobilisés sans eux, ils finissent par cautionner en réalité le discours manipulateur, répressif et criminel de l’Etat. La CNT-AIT reste solidaire du mouvement auto-organisé ! »

Le 22 novembre la manifestation autorisée des politiciens et des syndicaleux, bien que favorisée par les «  merdias » est un échec plutôt cuisant. A grande peine 400 personnes sont réunies. Notons qu’ailleurs (c’est-à-dire dans toute la France), ces mêmes organisations ne daignent pas organiser le moindre manifestation. L’après midi, 3 000 personnes manifestent en toute autonomie. Nous tirons le bilan suivant  :

« CNT-AIT, Toulouse 22 novembre 2014 -Plus nombreux
Encore plus nombreux que lors des deux dernières manifestations contre les violences policières, ce sont plus de 3 000 personnes qui aujourd’hui ont démontré de façon autonome qu’elles n’avaient plus peur de la stratégie de la tension de l’État et de sa terreur médiatique.

Le 2 novembre dernier, nous affirmions que cette stratégie de la tension menée par l’État ne pouvait qu’amplifier la mobilisation populaire. A entendre la colère de la population qui s’élevait dans les rues de la ville à la vue d’un dispositif de répression extrêmement coûteux (hélicoptère, canon à eau, 500 policiers mobilisés,…), qui est évalué à un coût de 1,5 millions d’euros pour un mois de manifestation à Toulouse, devant la fermeture scandaleuse des transports en commun, face au gazage des habitants de Saint-Cyprien et de la clinique des Teinturiers, nous réaffirmons que tant que justice ne sera pas rendue à toutes les victimes de cette répression étatique, cette mobilisation populaire et autonome ne pourra que s’amplifier.

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