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IL S’APPELAIT CLÉMENT

Publié le 23 juin 2013

Matinée du Jeudi 6 juin 2013, la nouvelle tombe. Un jeune homme, Clément Méric, - présenté à ce moment comme proche du Parti de Gauche de Jean Luc Mélenchon - a été lynché la veille par une bande de nazis, en plein Paris et en plein jour… Ce jeune intellectuel de 19 ans, se remettait d’un long combat contre une leucémie. Il aura échappé à la maladie pour succomber sous les coups d’une bande de brutes.

Peu à peu, comme on reconstitue un puzzle, nous apprendrons, qui était la victime. Agressé par des skinheads néo-nazis ce 5 juin vers 18 h 30 dans le IX° arrondissement de la capitale, les coups qui lui ont été portés ont provoqué des lésions cérébrales le jetant dans le coma. Sa trajectoire politique est au final assez typique d’un monde où tout va très vite, mais où rien ne change en profondeur. Après un bref passage dans la CNT-Vignoles brestoise, il rejoint SUD à Paris, mais il exprimera surtout sa révolte dans la mouvance antifa notamment « l’Action antifasciste Paris-Banlieue ».

Il sera déclaré officiellement décédé dans la soirée du jeudi 6 juin 2013.
Voici pour les faits, dans toute leur absurdité et leur cruauté, car mourir à 19 ans est toujours absurde et injuste. Un tel meurtre, c’est une insulte majeure à tout ce qui constitue l’essence même de notre engagement anarchosyndicaliste à savoir la défense de la liberté et de la dignité humaine.

Face à cette absurdité et à cette injustice, nous nous sommes retrouvés spontanément dès le mercredi, à quelques centaines, sans politiciens ni caméras, pour manifester notre colère, mais aussi pour affirmer notre détermination dans le rues de Toulouse. En effet, le samedi 8 juin était prévue une « marche aux flambeaux nationaliste » par ces mêmes nazis qui avaient tué Clément. Il était tout simplement hors de question que ce cirque abject puisse avoir lieu. Et il n’eut pas lieu car les autorités, craignant des risques graves de « troubles à l’ordre public » durent interdire la démonstration fasciste. Samedi une manifestation antifa, organisée par l’Union des Antifascistes, eut lieu en mémoire de Clément. Avec la plus grande dignité, les organisateurs dont nous nous faisons un devoir de saluer l’honnêteté politique, refusèrent les offres des partis et syndicats réformistes, qui leur proposaient leur camion sono en échange de la tête de la manif.

Les jours suivant, quand tout le monde a compris que Cément n’était pas un militant mélanchonesque, mais qu’il était proche des idées anarchistes, et qu’en plus ses copains n’entendaient pas que sa mort soit récupérée par les politicards, les choses ont changé. D’abord, de façon significative sa photo en noir et blanc, issue de l’imagerie de la Résistance et rappelant celle de Guy Mocquet, qui était diffusée au départ par les grands médias a cédé la place à une autre photo, sur laquelle un bandana rouge lui masquait partiellement le visage, lui donnant ainsi l’allure d’un hors la loi du Far-West. Ensuite, on a pu voir sur ces mêmes médias un parfait inconnu, grassouillet comme un moine, leader d’un micro groupuscule nazi, déclarer de toute la force de sa voix de fausset que dans cette affaire « la victime était l’agresseur ». Bien que parfaitement grotesque sur la forme et le fond, cette intervention, a été largement diffusée par les médias car elle a permis au pouvoir de pratiquer son exercice habituel qui consiste à renvoyer les « extrêmes » dos-à-dos au nom de la lutte contre la violence. Au final, une fois de plus, l’idéologie dominante va se caler en tant qu’arbitre d’une situation qu’elle a générée.

Clément a donc été assassiné. Il n’est pas inutiles de relever la composition sociale du groupe des cinq skins impliqués dans son meurtre : une employée de crematorium antérieurement auxiliaire de vie scolaire, un agent de sécurité, un chômeur, un plombier de profession et un apprenti boulanger, tous âgés d’une vingtaine d’années. Que des jeunes, issus des couches populaires, en soient réduits à s’engager dans une voie aussi criminelle et à devenir les valets des maîtres de ce monde au lieu de relever la tête et de se battre pour leur classe sociale et pour l’Humanité est un signe de la désespérance causée par une gauche – partis et syndicats - qui est passée avec armes et bagages dans le camp des affairistes, qui assure une gestion profitable (pour elle) du capitalisme dans le plus grand mépris des travailleurs qu’elle considère – la réalité nous le démontre tous les jours - comme une simple variable d’ajustement.

Si la mort de Clément doit servir à quelque chose, s’il y a une leçon à tirer de cette tragique affaire, c’est bien qu’il est indispensable que ceux qui veulent que cela change en profondeur, que ceux qui veulent faire reculer réellement ce fascisme rampant qui bouffe la société française depuis 30 ans, que tous ceux-là s’engagent au quotidien, pour un combat pied à pied, dans le monde du travail, dans celui des quartiers, dans celui de la misère et du chômage pour faire reculer les idéologies rétrogrades et faire émerger un mouvement social, populaire, autonome qui soit enfin porteur d’espérance pour demain et de solidarité active dès à présent.

ANDRÉS

Le 31 mars 2012, Andrés, jeune étudiant chilien, était agressé par un groupe de nazis en plein Toulouse. Après deux mois de coma, il garde une paralysie faciale et une perte auditive irrécupérable. Comme si cela n’était pas assez, il est sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français… car il n’a pu mener à bien ses études ! Andrès n’avait pas d’activité militante. Il a eu le seul tort de se trouver sur le passage de cette horde.

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