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RIPOSTE ANARCHOSYNDICALISTE

Publié le 10 février 2013

Depuis 2009, un processus de « 
crise » a été développé au niveau
mondial. Pourtant, comme le disait
déjà Coluche « Avec la crise, les riches
deviennent plus riches et les pauvres plus
pauvres. Je ne vois pas en quoi c’est une
crise, c’est comme ça depuis que je suis
enfant ». Et en effet, les classes populaires
paient pour la classe des riches :
suppressions massives de postes, paupérisation
généralisée, de plus en plus
de gens au chômage ou en intérim,
création d’ennemis intérieurs (les
« anarcho-autonomes », les immigrées,
les Rom...) sur qui il est plus facile
de diriger sa colère... A côté de ça, les
riches donc s’enrichissent, tout comme
augmentent les pratiques policières et
militaires. De l’argent pour mettre des
caméras partout, des bataillons de
CRS, construire des commissariats, il y
en a... Rappelons-nous que le déploiement
des gendarmes mobiles sur la
ZAD à Notre-Dame-des-Landes coûte
500 000 euros par semaine... La situation
est la même partout dans le
monde, ce n’est ni un problème grec,
ni un problème espagnol : c’est un problème
structurel, sociétal.

UN « CHANGEMENT » DE FORME, PAS DE FOND

Les promesses des politiques, de gauche
comme de droite, masquent le fait que gouvernement
et capital sont les deux faces d’une
même pièce, le premier étant la courroie de
transmission du second. Le « changement »
socialiste/écologiste, qu’on attend toujours,
confirme cela : austérité, répression, xénophobie,
chasse aux pauvres, destruction de l’écosystème
(Notre-Dame-des-Landes, OGM…)
etc. Nous le répétons inlassablement, « Ce
n’est pas dans la forme du pouvoir mais dans le
pouvoir lui-même que réside le mal » [1]. Car en
effet, les pays gouvernés « plus à gauche »
adoptent la même politique : licenciements
massifs à Cuba, répression féroce avec liste
noire des salarié-es trop agité-es chez Chavez
au Vénézuela. Sans compter que l’Etat développe
un nationalisme afin de, comme toujours,
diviser pour mieux régner.

UNE « OPPOSITION »... DE FORME

Alors bien sûr, dans ce grand jeu (qui est
responsable de la vie et de la dignité des travailleurs-
euses quand même), les partis s’opposent.
A la droite du PS (si, si, ça existe), l’UMP nous
donne des grandes leçons de démocratie interne,
et il nous devient de plus en plus difficile de différencier
leurs idées et celles du FN. Ce dernier justement
est un des recours les plus utiles au capitalisme.
A chaque « crise », et donc risque de révolte,
la classe dirigeante, par ses discours, ses lois, ses
pratiques, renforce le sentiment national. Ainsi en
tournant sa colère vers le voisin, et non le patron,
le bourgeois, on ne fait que se diviser : c’est à la
misère, et donc au système qu’il faut s’attaquer, et
pas aux immigré-es, qui subissent tout autant, et
même plus que nous (rafles, camps de rétention
etc. etc.). A gôche, le mirage pseudo-révolutionnaire
fait aussi ses ravages. En proposant des réformes
qui cachent la réalité systémique de la crise, il
participe au spectacle contestataire. Idiots utiles du
système, après avoir mangé dans la gamelle et dirigé
avec le PS des années durant (PCF, FDG …), ils
entretiennent le nationalisme ambiant. Quant aux
marxistes, dans leur soif de pouvoir, dans leur
mépris de l’autonomie des individus et des travailleur-
ses, ils nous conduisent vers l’avenir
radieux de… la tombe. En effet, quels meilleurs
fossoyeurs de luttes que les partis politiques : les
luttes leur servent et non l’inverse ! Reste les syndicats
institutionnels. Nous ne croyons pas plus en
une société dirigée par un parti éclairé qu’en une
société dirigée par les syndicats. Pour nous anarchosyndicalistes,
« Le pouvoir ne doit pas être
conquis, il doit être détruit » [2]

DU RÔLE SYNDICAL DANS LA COGESTION DE LA
MISÈRE AMBIANTE

Face à cette situation étouffante, des luttes existent,
prouvant que la véritable guerre de classes est
une réalité, pas une vue intellectuelle de l’esprit.
Notre-Dame-des-Landes, PSA, Arcelor Mittal, solidarité
avec les Rom, etc. Mais la plupart d’entre-elles
sont vouées à l’échec en l’état : pour l’emporter, il
faut rompre avec les syndicats institutionnels.
Rappelons que tous (de la CGC à Solidaires) sont
subventionnés par ceux qui mènent les attaques, et
ne voient en aucun cas leur budget réduit. Ce ne
sont pas des organisations de classe au service des
travailleurs-euses, mais bel et bien des entreprises.
Permanent-es syndicaux, détachées, délégué-es...
cogérent la sécu, les commissions paritaires avec le
patronat. Malgré leurs intentions, parfois louables,
ils n’ont aucun intérêt à ce que la situation change.
Il n’y a qu’à voir la reconversion de Chérèque,
ancien chef de la CFDT, inspecteur général aujourd’hui...
A l’heure où nous écrivons ces lignes, les
syndicats signent d’ailleurs un accord avec le
MEDEF (patronat) que tout travailleur-se réprouverait
sans aucun doute ! La ligne directrice en est
une flexibilité accrue, le licenciement étant pour
Mme Parisot, comme pour les syndicats du coup,
une garantie de l’emploi et de la bonne marche des
entreprises ! [3] Pour autant, lorsqu’une lutte éclate,
les salarié-es voient dans les syndicats du système un
outil de solidarité. Ce que le syndicalisme n’aurait
jamais du cessé d’être... mais ne sera plus jamais,
englué dans des intérêts de boutique (la représentativité
 : représenter qui ? Quoi ?), le corporatisme, et
la collaboration étatique. Mais nous ne baissons pas
la tête, nous proposons quant à nous l’anarchosyndicalisme.

UNION, ENTRAIDE, AUTOGESTION !
Comme nous le disions, la crise est mondiale,
la riposte aussi. Des USA à la Chine, aux
Tunisiennes et Egyptiennes qui estiment légitimement
s’être fait voler leur révolution par les
politiques et religieux, jusqu’en Europe, partout
la révolte gronde face à un système de plus en
plus inégalitaire. Et partout où notre
Association Internationale des Travailleurseuses
(AIT) possède des syndicats, ils luttent
pied-à-pied avec notre éthique anarchosyndicalistes
 : pas de permanent-es, pas de subventions,
une solidarité active, et un fonctionnement
horizontal dans l’organisation comme
dans les luttes. En Espagne, la CNT-AIT est à
l’origine de la campagne « Vers la grève générale
 », de plus en plus effective. En Italie, l’USI-AIT
se renforce, et mène actuellement une
lutte à l’Hôpital San Raffaelle contre les mesures
d’austérité. En Grande-Bretagne, c’est la
SolFed qui a fait reculer toute une entreprise
(Holland and Barret) qui a annulé son plan
d’austérité. Et en France, lorsque nous nous y
mettons, nous gagnons aussi comme à Nataïs [4].
A la CNT-AIT, travailleurs-euses, précaires,
étudiant-es, nous avons choisi la lutte des classes
et la participation à la construction d’un
mouvement révolutionnaire au niveau mondial.
Nous ne sommes pas de ces anarchistes qui
passent leur temps à discuter, sûrs de leur
confort idéologique, et dont la principale activité
est de... ne rien faire. Nos pratiques de lutte
sont basées sur les assemblées populaires autonomes,
dans lesquels les travailleur-ses, au-delà
des luttes de clochers syndicaux, décident de ce
qui doit être fait démocratiquement. Pour nous,
les luttes doivent s’étendre et se rejoindre, d’où
notre volonté de coordonner celles-ci. Il faut
donc déserter les institutions politiques et syndicales.
Nous avons eu assez de chefs, essayons
par nous-mêmes !

Face à l’Etat et au capital, organise toi et
lutte ! Le véritable changement ne pourra venir
que de nous même !

Guillaume et Emiliano, UL CNT-AIT 63, janvier 2013.

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