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HONNI SOIT QUI MALI PENSE !

Publié le 10 février 2013

Monsieur Lautrepaysdufromage s’en va-t-en guerre,
Mironton mironton mirontaine,
Monsieur Lautrepaysdufromage s’en va-t-en guerre,
Ne sait quand reviendra...

Nous y sommes : fort de l’onction
donnée par le suffrage universel,
le Président de Sagesse (PS) est parti en
guerre au Mali, pour lutter contre le
terrorisme soi-disant. Le soutien est
TOTAL, malgré l’absence totale de
légalité de cette action. Au niveau légal,
la France intervient seule, sans mandat
de l’ONU, sans discussion préalable
au Parlement, sans décision
européenne [1]. Mais comprenez-
bien, il fallait faire vite,
et les socialistes élus sont des
hommes d’État responsables
qui répondent à l’urgence, sans
préméditation.

  LES DÉBATS PARLEMENTAIRES : UNE GROSSE FARCE

Nous ne résistons pas au
délice de vous livrer ces questions-
réponses au ministre de
la Défense en commission des
Affaires étrangères de
l’Assemblée nationale le 5
décembre dernier : la discussion
entre ces messieurs-dames tournait
autour de la construction d’un
vieux serpent de mer, la célébrissime
Communauté Européenne de
Défense.

M. Axel Poniatowski : « [...] vos
propos sur le Mali m’inquiètent. Vous
êtes visiblement en train de préparer
quelque chose et j’aimerais en savoir plus.

[...] Si la France montait en première
ligne, ce serait en totale contradiction avec
la position que le ministre des Affaires
étrangères a défendue devant nous, il y a
quinze jours, en expliquant que s’il ne s’était
pas rendu au sommet de Tombouctou,
c’était pour que la France n’apparaisse pas
comme étant en première ligne dans l’intervention
qui se prépare. Bref, je suis inquiet
de ce que vous annoncez et préparez au
sujet du Mali. [...]
 »

M. le ministre de la Défense : « Je
veux dissiper toute ambiguïté. [...] Ce qui
se prépare n’est nullement une intervention
de la France au Mali
 : c’est
une intervention de l’Europe en soutien de
la reconstitution de l’armée malienne,
laquelle devra participer à l’action que
mèneront les pays d’Afrique de l’Ouest en
fonction d’objectifs que les Nations unies
devraient prochainement valider. Il ne s’agit
donc pas de se mettre en première
ligne.
[...]Nous ne serons en aucun cas
en première ligne : nous assurons un
soutien de formation.
 »

M. Axel Poniatowski : « On verra
bien qui est l’Europe au Mali !
 »

M. le ministre : «  [...] Je tenais à
faire cette mise au point. Si vous avez
compris que nous devions nous retrouver
en première ligne, c’est que j’ai
dû très mal m’exprimer.
 »

Mme la présidente [de la commission
des Affaires étrangères] Élisabeth
Guigou : « Si un doute avait pu subsister,
il était bon de le dissiper
 » [2].

Vous le voyez, rien n’est prémédité,
et il est important de répondre à l’urgence.
Par ailleurs, la vérité est dite - toute - à la représentation nationale,
censée incarner la démocratie. La
Nation est au courant, ouf ! L’idée que
l’exécutif puisse imposer à la représentation
nationale un départ en guerre en
dehors de tout cadre - quelque chose
comme la tyrannie de fait - cette idée
odieuse est écartée.
Certes des âmes chagrines remarquent
en passant la présence en
Afrique de l’ancienne puissance coloniale,
et d’autres abordent la présence
de gisements de pétrole et d’uranium
non loin des zones de sécession [3].
Mais, après les fêtes, le mardi 15 janvier
à 15 heures, la représentation nationale
dans l’ensemble [4] soutient l’action
du Gouvernement qui
envoie avions et soldats, dans son
habituelle danse de mort. Pas
d’ambiguïté [5] ! C’est beau l’Union
sacrée.

La pseudo-république est
comme cela : on détourne toujours
l’attention des peuples par
un conflit extérieur créateur de
marchés ou prédateur de matières
premières. Les beaux messieurs
aux mains sales du PS ne sont que
des partenaires de toujours du
quadrille colonial dansé par la
réaction. La seule occasion d’aller
en guerre pour la démocratie, c’était
en 1936 en Espagne, mais
Blum a mangé son chapeau. Reste
maintenant à donner quelques informations
supplémentaires pour mieux
comprendre la situation au Mali, case
malheureuse du nouveau « Grand jeu »
africain [6].

UN « TUYAU » POUR MIEUX COMPRENDRE LA SITUATION

« 4300 kilomètres, c’est la longueur
que devrait avoir le gazoduc transsaharien,
censé voir le jour en 2015. L’idée est d’acheminer
via le Niger et le désert algérien
les ressources gazières du Nigeria (septième
réserve de la planète) vers les ports algériens
pour les exporter en Europe. Ce
gazoduc devrait transporter entre 20 et 30
milliards de mètres-cubes de gaz naturel
par an. Sa construction - qui intéresse tout
particulièrement Russes, Français (Total),
Anglais, Néerlandais (Shell) et Italiens
(ENI) - est régulièrement menacée par des
groupes armés indépendantistes.
 » [7]

  LE POINT DE VUE AMÉRICAIN

Le 14 novembre dernier, un grand
humaniste au cœur attendri donnait
son point de vue sur la situation au
Mali. Le général Carter Ham, commandant
en chef des Forces armées
américaines pour l’Afrique (Africom)
répondait aux questions de quelques
journalistes, faisait le point sur l’état de
préparation d’une intervention militaire
africaine au Mali.

Question : La Communauté économique
des États d’Afrique de l’Oust (Cédéao)
vient de finaliser son concept opérationnel
d’intervention au nord du Mali, est-ce une
avancée significative ?

Réponse : « C’est important, mais d’un
point de vue américain et aussi français
d’ailleurs, toute perspective d’intervention
militaire doit être incluse dans une stratégie
complète plus large. Une approche
uniquement militaire est vouée à l’échec
au Nord du Mali.
Il faut une négociation
politique en bonne et due forme, une
composante d’assistance humanitaire, de
sécurité aux frontières avec les pays voisins
et une composante militaire peut être nécessaire.

 » [...]

Question : « Combien de temps faudra-til
pour reconstruite une armée malienne, et
combien de combattants y a-t-il dans le
nord du Mali ?
 »

Réponse : « Selon des renseignements,
probablement imparfaits – il est très difficile
de savoir ce qui se passe exactement au
nord du Mali, le noyau dur compte entre
800 et 1200 combattants, plus des sympathisants.
Il est difficile d’évaluer le temps
que prendront l’équipement et la formation.
Le coup d’État [du 22 mars à
Bamako] a aussi eu pour conséquences
probables la perte d’équipements, la dissolution
d’unités et les dirigeants militaires
présents avant le putsch ne sont plus en
fonctions. Mais cela prendra des mois et
non des semaines pour reconstruire l’armée
malienne.[...] parce qu’il y a eu ce coup
d’État, une loi interdit à l’armée américaine
de s’investir, d’entraîner, d’équiper les
forces maliennes tant que des responsables
du coup d’État demeurent influents au
gouvernement [...]
 » [8]

  LES PARTIS DE TYPE SFIO ET LA GÉOPOLITIQUE

Force est de constater que la grande
démocratie française n’a pas ce
genre de « scrupules », ni surtout cette
lucidité. On s’interrogera plaisamment
sur cette permanence politique qui fait
que les partis de type SFIO, parvenus
au pouvoir, se montrent extrêmement
agressifs internationalement, mais avec
un goût prononcé pour la myopie géopolitique,
le mépris d’une vision à long
terme de l’Histoire et une sorte d’aveuglement.
Que l’on songe à l’expédition
de Suez en 1956 ou à l’envoi du contingent
en Algérie par Guy Mollet…

La fonction de ces partis est de
jouer la soupape quand le peuple se
lasse des exactions des classes possédantes.
L’alternance électorale
confisque les espoirs d’un monde
meilleur au profit d’une clique « SFIO »
qui incarne – le temps d’une élection -
l’espoir. Mais l’état de grâce étant passé
et l’illusion politique démasquée, ces
partis de type SFIO se raidissent et
créent un conflit de type colonial pour
détourner l’attention, mécanisme classique
déjà expérimenté à Athènes en
413 avec l’expédition de Sicile et le succès
que l’on sait. Il est probable qu’une
ou plutôt plusieurs mesures de destruction
massive du tissu social vont
être imposées prochainement par le
gouvernement, comme par exemple, le
ratiboisement du statut général des
fonctionnaires, ou encore de nouveaux
accords félons avec le Medef, tout
aussi sûrement, une nouvelle attaque
contre les retraites ; sans compter que
l’on peut s’attendre à une régression de
la sécurité sociale... Après les
« pruneaux » que le gouvernement
envoie au Mali, il tirera des « pruneaux
 » sur nous, pour faire exploser
les derniers droits sociaux.

La métamorphose du Président
tout en rondeur en Matamore agressif
appelant à détruire voire-à-faire-desprisonniers
pour les interroger [9], est
assez éclairante. Ce coup de théâtre
fulgurant, cet affichage de tant de
« martialité guerrière » (comme le dirait
Ségolène Royal) au plus haut sommet
de l’Etat, a un objectif : en imposer
pour passer en force des mesures
impopulaires. La stratégie du pouvoir
est simple : d’un côté « donner » au
bon peuple de gauche - en faisant le
maximum de battage médiatique et en
faisant monter la pression - ce qui ne
coûte pas un fifrelin (le mariage gay),
« donner » au non moins bon peuple
de droite (racistes compris) ce qui ne coûte pas grand chose [10], pour, d’un
autre côté assassiner le peuple tout
court économiquement. Pour cela,
tous les moyens sont bons, même les
reniements : « La France répudiera
sans regrets les miasmes de ce qu’on
appelle la Françafrique
 » déclarait il
n’y a pas si longtemps un certain
Hollande François [11].

Stéph.

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