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Un scénario et un peu d’économie

Publié le 20 mai 2012

A l’apparition de grèves partielles ou de manifestations populaires, les exploités doivent se réunir en assemblées générales souveraines. Au commencement, ils doivent avoir une conscience de classe. C’est-à-dire reconnaître qu’ils appartiennent à la classe populaire ou, suivant les individus, à une frange de la petite ou moyenne classe moyenne et que tous ensemble, leurs aspirations se dirigent vers le prolétariat et non vers la bourgeoisie, afin de mener à bien la lutte des classes. C’est le point de départ, sinon sans conscience de classe, point de lutte de classe, point de changement de société possible (dialectique négative de Hegel). Les assemblées générales souveraines doivent fonctionner de façon horizontaliste et démocratique.

Cela veut dire :

  1.  Déborder et marginaliser tous les partis et les centrales syndicales réformistes, ennemis permanent et de tout temps du prolétariat.
  2.  Prendre les décisions et les orientations de la lutte sociale de façon commune et égalitaire.

Ces AG peuvent et doivent se développer aussi bien au sein des entreprises qu’à l’extérieur (quartiers, universités, villes et campagnes...) pour jeter les bases de la résistance populaire autonome et d’une démocratie réelle, directe. Il faut qu’à travers tout un territoire donné et le plus large possible se déclenchent ces foyers de résistance appliquant l’action directe (grèves, blocages,occupations, sabotages... etc.).

Tout dépend évidemment du degré de la lutte sociale, mais imaginons que la grève une fois généralisée devienne une grève générale, de plus larges possibilités s’ouvrent alors. Il faut que tous ces foyers de résistance entrent en communication, en contact entre eux afin de poser les bases du fédéralisme en réseau et de diviser, fractionner les forces répressives de l’État. Plus la toile est étendue, plus il est difficile de paralyser et d’étouffer le réseau et l’information entre les différents groupes.

La grève générale peut alors devenir insurrectionnelle et expropriatrice en s’emparant des moyens de production. A ce stade, ces assemblées générales sont devenues les Conseils populaires et autonomes de la révolution sociale pas encore aboutie complètement ; et cela, après la levée des masses en armes pour faire face à la réaction qui aura d’avance pensé à envoyer ses forces de répression (police et armée).

Cela dit, pour qu’il y ait révolution victorieuse, il faut que la crise gagnent l’appareil d’État. Afin de faire face à la Terreur réactionnaire, doivent se constituer les milices populaires qui feront front face à l’ennemi, avec les multiples méthodes de lutte envisageables suivant les circonstances.

Mais il ne faut pas oublier qu’à l’arrière, la superstructure de la société nouvelle doit s’installer dans tout le «  territoire libéré  ». Il ne suffit pas seulement d’être d’accord politiquement et d’avoir la légitimité, même si cela est très important ; il faut que les différents « engrenages » s’imbriquent, afin que la société « fasse corps » et perdure. C’est pour cela que nous sommes globalistes, car nous savons par exemple que la question économique est très étroitement liée à la question politique.

On sait que les capitalistes tirent la plus-value par le « sur-travail ».

Comment fonctionnera notre économie et les échanges de marchandises  ? Nous savons que dans la société capitaliste le mécanisme qui règle la valeur d’échange des différentes marchandises est la comparaison des temps de travail socialement nécessaires sous forme de travail direct (qualifié ou ordinaire) et de travail passé, dépensé antérieurement pour la fabrication des moyens de production (outils, biens intermédiaires) ? loi de la valeur-travail. Auquel s’ajoute la plus-value qui détermine le valeur d’échange. Ainsi formulée, cela paraît très abstrait ; mais heureusement ça ne constitue pas l’aboutissement de notre recherche en économie. Néanmoins, avant de développer davantage , énumérons une partie de ce que nous savons :

  1.  Plus personne aujourd’hui ne produit directement les biens dont il a besoin : la production est organisée en vue de l’échange.
  2.  Les marchandises s’échangent entre elles par l’intermédiaire de la monnaie ; mais ce que réalise le marché, derrière cet aspect monétaire, c’est la comparaison du travail dépensé pour leur production. On définit donc la valeur d’une marchandise, à une époque donnée, par le temps de travail moyen nécessaire pour la fabriquer auquel s’ajoute le profit.
  3.  Les travailleurs ne détiennent pas de moyens de production, ils possèdent une seule chose, leur force de travail. Celle-ci est une caractéristique physiologique de l’être humain ; mais elle constitue dans le système capitaliste une marchandise comme les autres : elle est socialement produite, elle s’achète et se vend, elle a une valeur dont la traduction monétaire est le salaire. Le salariat est d’ailleurs une des formes de l’esclavage moderne.
  4.  Les propriétaires des moyens de production (ou du Capital) utilisent la caractéristique". qu’a la force de travail de produire plus de valeur qu’il n’est nécessaire pour son entretien.
  5.  Le capitaliste s’approprie cette différence (surtravail, travail non payé ou plus-value) qui constitue l’origine du profit.

Nous savons aussi que le salaire, le « revenu du travail » est l’argent nécessaire à la reproduction de la force de travail. Je m’arrête sur ce point qui est l’essentiel avant de passer à l’analyse de ce que pourrait être notre économie. Le capitalisme a plusieurs variantes : il peut être libéral, c’est ce que nous vivons.

Mais en période de crise, certains technocrates peuvent lui apporter des variantes protectionnistes, keynésiennes, voire l’amener vers le capitalisme d’État. C’est le mythe de la gauche en politique. La différence économique de la gauche par rapport à la droite consiste en théorie, en partie, à rediriger les capitaux du secteur privé dans le secteur public (via l’État), quand la droite tend à faire l’inverse. Même si, toujours en période de crise, un gouvernement de droite est capable d’effectuer la nationalisation d’une partie de ses capitaux. Nous pouvons dire, avec prudence, que le capitalisme ne se porte pas très bien en ce moment. Aucune règle économique qui soit de « gauche » ou de « droite », ne peut le sauver et éviter une politique d’austérité qui va aller en s’amplifiant, la seule règle étant celle d’une oligarchie de classe appuyée par un régime parlementaire qui diffuse le mythe de l’alternance pour certains et pour d’autres celui d’un gouvernement militaire. Cela ne veut pas dire que le capitalisme va s’effondrer de lui-même, théorie à laquelle je ne crois pas ; une révolution sociale est nécessaire, mais il ira de plus en plus mal. Tant mieux pour nous qui voulons l’abattre, c’est plus problématique pour eux. Mais il reste à savoir ce que nous posons à la place : il faut collectiviser les moyens de production qui doivent être régis par les conseils de travailleurs libres et autonomes en réseau de fédérations. Nous calculons la Valeur d’une marchandise dans un territoire donné par son quantum de travail : Exemple : 10v X 8q égale 80. Tout cela est réparti pour chaque individu et de façon égalitaire, toute la richesse sociale produite. Exemple : 8 individus pour 8 heures de travail par rapport à la valeur 10. 8 X 10 X 8 égale 640 en valeur en tout, 80 par individu. De la valeur 80, l’individu reçoit un compte qui lui permet alors de satisfaire ses besoins. Mettons qu’avec ce compte par exemple, il peut aller aux dépôts de vivres se servir un poulet. Rapport direct de producteur à consommateur, les deux étant à la fois l’un et l’autre. Il y a plusieurs éventualités, la pratique du troc peut être intéressante et a déjà existé. Elle est encore partiellement utilisée et l’inconvénient est que la valeur des marchandises peut être inégalitaire, non équivalente, même si il a fallu le même nombre d’heures de travail pour les produire, si le coût horaire est différent. Dans des périodes historiques jadis, l’échange s’est développé et s’est diffusé de cette façon suivante par exemple : 1 mouton - 2 haches - 40 Kg de grain. L’homme apprend bientôt à ne plus produire uniquement ce qui peut lui être directement utile, mais aussi ce qu’il peut facilement échanger. La production marchande se développe donc et de nouveaux problèmes apparaissent. C’est ainsi que le possesseur d’une paire de bottes a besoin d’une hache, mais le possesseur de la hache a besoin non de bottes, mais de grain. Ils ne peuvent s’entendre par le troc. Ils doivent utiliser un intermédiaire : ce peut être le mouton. Le possesseur de la paire de bottes l’échangera contre un mouton avec lequel il pourra se procurer la hache qu’il désire. Le mouton joue ainsi le rôle d’équivalent général, c’est-à-dire qu’il peut être échangé contre n’importe quelle marchandise :

1 mouton > 40 Kg de grain
1 mouton > 2 haches
1 mouton > 1 bijou en or

Dans d’autres sociétés primitives, l’équivalent général fut le sel, les fourrures, etc. C’est ainsi qu’à force est apparu la monnaie, qui sert d’intermédiaire commun et légitime pour les échanges des marchandises. Nous devrons, bien entendu, abandonner notre monnaie actuelle et les « règles du jeu » du capitalisme car elles ne peuvent mener que dans l’impasse : protectionnisme, keynésianisme ou libéralisme. Et bien sûr, elles sont inégalitaires et à l’opposé de notre idéologie. De plus, pour les premiers cités, ils se révèlent en 2012 impossibles ou contrecarrés, pour la raison que nous sommes dans la mondialisation et l’ultra-libéralisme triomphant. L’un ayant plus d’ampleur que l’autre, appliquerait toutes ses « cartes du jeu déloyal » pour y faire pression et pour le faire céder. Nous arrivons au point suivant, nous savons et sommes tous d’accord sur la nature des échanges des besoins fondamentaux (nourriture, logement,...) qui seraient régis par la collectivité. Mais que seraient ceux concernant les besoins plus individuels, ludiques, artistiques... Je pense, c’est une hypothèse, qu’ils devront faire partie de la même sphère de production en ayant au préalable été enregistrés, tout comme les besoins fondamentaux dans une sorte de bureau des demandes de la population. Exemple  : tel individu désire un piano, il fait la demande au bureau qui renvoie sa demande aux fédérations en charge des secteurs ludiques et culturels de la production afin que puisse être fourni un piano à cette personne. Mais, me direz-vous, si dans une zone géographique donnée, vous n’êtes pas nombreux à en demander et qu’il ne peut y avoir proche de chez vous ce secteur de production, ne l’auriez-vous pas ? Si, car où que se trouve cet atelier, le produit sera redistribué dans chaque quartier de la ludicité de chaque cité. Cela est aussi l’idée de comment on repense l’urbanisme et dans quelle cité, collectivité, lieu de vie nous souhaiterions vivre.

Pour l’instant, le capitalisme a encore de beaux jours devant lui, sachons lui opposer un projet. Le capitalisme n’est pas indépassable. Nos recherches sur les questions sociales se poursuivent. La CNT-AIT doit être aussi ce formidable laboratoire d’analyse, qui promeut des hypothèses, des solutions, un programme. Sachons construire et organiser la résistance populaire autonome.

Longue vie à l’anarchosyndicalisme !

Simon

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