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Une classe moyenne en crise

Publié le 14 mars 2012

Dans un précédent article (Sociologie de combat,
sociologie pour le combat
 », Anarchosyndicalisme
n°127) nous avons rappelé que la lutte des classes est une
réalité qui fait l’histoire tout en soulignant qu’au sein de la
classe, l’individu est aussi une réalité. Toujours dans la
perspective de définir les classes sociales dans le contexte
d’aujourd’hui, voici quelques réflexions sur la classe
moyenne et ses possibles devenirs.

Raisonner avec deux classes sociales (salariat / capitaliste ou
prolétaire / bourgeois), ignore la fraction confluente, la classe
dite moyenne définie comme suit :

  • Formation professionnelle  : minimum Bac +2.
    Actuellement 41 % de la couche des 25-35 ans est diplômée de
    l’enseignent supérieur. Les données suivantes, concernant la
    progéniture des sociaux professionnels, dénotent la réalité de
    classe et sa reproduction par les écoles. Les cadres représentent
    16,6% des actifs. Leurs enfants occupent 56,9 % des places dans
    les écoles normales supérieures, 51,1 % dans les classes préparatoires
    aux grandes écoles, 29,7 % dans les universités, 16,3 %
    dans les BTS. Les professions intermédiaires (qui représentent
    24,3% des actifs) y envoient respectivement 66 %, 64 %,
    41,9 %, 31,2 % de leurs enfants ; les employés et ouvriers
    (50,9% des actifs) 9,4%, 15,6%, 21% et 51%.
  • Revenu d’activité  : deux à quatre fois le Smic, soit de
    2 200 à 4 800 €. La majorité perçoit 2 700 € (rappel : la richesse
    commencerait à 5 500 €). A cela s’ajoutent des revenus financiers
    dits d’épargne, qui sont proportionnels et peuvent atteindre
    25 % pour les hauts revenus. A noter que le patrimoine financier
    des ménages en France était de 1,4 fois le revenu disponible
    en 1990, puis de 2,9 en 2009 soit un total des dépôts de
    3 700 milliards €. Je rappelle qu’il s’agit de moyennes : les écarts
    sont différents si on individualise ou si on raisonne en quotient.
  • Habitat : majoritairement urbain et périphérique, propriétaire
    du logement. En 2008 la densité des cadres (15 à 30 % de
    la population) est nette à Paris, Grenoble, Lyon, Marseille, Nice,
    Toulouse, Bordeaux, Nantes, Rennes, où habitent environ la
    moitié des cadres supérieurs. Les bassins d’emploi des cadres
    induisent logiquement ceux de la couche moyenne inférieure.
  • Santé : actuellement l’espérance de vie à 35 ans est : cadre
    83 ans, employé 75 ans, ouvrier 73,5 ans. Le revenu, couplé à
    une bonne mutuelle-santé, permet de contourner les déremboursements
    de l’assurance maladie. Meilleure alimentation,
    spécialistes de santé, mode de vie, dépenses de santé expliquent
    leur plus longue « espérance de vie en bonne santé ».
  • Politique  : sur-représentée dans les parlements, les
    conseils, les partis, les syndicats, les associations, les paritarismes...
    En 2007, l’élection présidentielle donnait, à partir du Bac,
    plus de 55 % à Ségolène Royal.
  • Idéologie : tolérante vis-à-vis des pratiques sexuelles, pour
    l’égalité Hommes-Femmes, anti-machiste et sexiste, écologie
    type environnementaliste (consomme bio) mais conservatrice
    en ce qui concerne la société de consommation, égalité des
    chances mais méritocratie, acceptation d’un degré d’inégalité
    mais correction des excès, pour un capitalisme plus juste, pour
    une régulation étatique du marché, pour le parlementarisme. Un côté individualiste, un autre social-démocrate.
  • Part de la population : cela est délicat à établir ; le salaire
    moyen net mensuel est le critère le plus admis, d’autres utilisent
    le revenu disponible ou médian. En utilisant le revenu moyen
    net mensuel (2 125 €) comparé au salaire, les cadres (16,6 % des
    actifs), constituent la couche supérieure de la classe moyenne.
    Les professions intermédiaires (24,3 % des actifs, salaire médian
    de 1 750 €) constitueraient plus ou moins 12,15 % de la couche
    inférieure de la classe moyenne. Cette dernière composerait
    28,75 % de la population active. La population générale se
    décomposerait en une classe des très riches (environ 8 %), une
    classe moyenne (29 %), une classe des pauvres (63 %).
    Ces statistiques sont des moyennes, des agrégats. Si on individualise
    (durée d’activité, temps de travail,...) un cadre chômeur
    peut être pauvre, un ouvrier qualifié faisant des heures supplémentaires
    peut entrer dans la classe moyenne, etc. Au demeurant,
    l’individu est englobé, normé, par du collectif, celui-ci étant
    plus homogène et endogame de sa classe sociale. Néanmoins
    une classe est faite de couches : supérieure, inférieure, centrale
    (la plus massive). Les extrémités des classes constituent des sous
    couches légèrement atypiques, de plus des individus migrent de
    leur classe vers une autre.

LES CLASSES POUR SOI

De manière révolutionnaire ou pas, malgré ses tendances et
conflits, la bourgeoisie s’imposera et permettra la révolution
industrielle. L’idéologie bourgeoise (bourgeoisisme) prétend
que les hommes ne naissent pas égaux. Il appartient aux riches,
aux intelligents, aux lettrés, aux dominants, brefs aux "meilleurs"
de diriger le monde (un peu de Locke, Turgot, Constant, Roger-
Collard, Guizot). Les hommes étant inégaux par nature, la
société doit respecter ce fait. Rien ne doit entraver l’individu
dans sa recherche du bonheur, qui se réalise dans le lucre, le
pouvoir, les honneurs. Le système social sera donc hiérarchique,
de classe, capitaliste. La bourgeoisie pour le reste est opportuniste,
selon les intérêts de sa totalité ou des ses fractions. Elle
promeut, mixe et dose alternativement le libre échange ou le
protectionnisme, le marché ou le monopole, l’État ou le privé,
la guerre ou la paix, la dictature ou le parlementarisme, le libéralisme
ou la social-démocratie ; Keynes ou Friedman, le
Fordisme ou la paupérisation, etc. Si la forme varie, le fond reste
l’inégalité. Il suffit d’analyser le passé. Présentement, les tendances
bourgeoises se querellent à propos de nombreux sujets :
mondialisation, protectionnisme, fiscalité, austérité, revenu, étatisme,
privatisation, gauche, droite, centre, etc. N’oublions pas
que le corporatisme exprime les contradictions, les différences
internes à un groupe, une classe. Les secteurs bourgeois qui
tirent leurs privilèges de l’État sont étatistes, ceux qui les obtiennent
de la mondialisation sont libre-échangistes, ceux qui profitent
des marchés ou aides d’État sont mercantilistes, ceux qui
vivent de la techno-structure sont pour « plus de valeur ajouté »
au salaire que ne l’est l’actionnaire, etc. La bourgeoisie n’est pas
limitée à la seule propriété des moyens de productions (capitalistes
classiques) mais s’étend à l’ensemble de la possession et ou
de la maîtrise du capital économique, politique, technique dont
elle tire ses privilèges. Dans ce cas, aux 8 % de la population s’ajoutent
plus ou moins la moitié du haut de la classe moyenne (29,2 %). La bourgeoisie représenterait 22,5 % de la population
(ce que certains désignent comme les 20 % les plus riches). A
noter que ces 20 % accaparent près de 40 % de la masse du
revenu disponible, alors que les 20 % les plus pauvres se partagent
9 % de cette même masse.

L’extension du capitalisme accroît le salariat (statut juridique
vendeur/acheteur de la force de travail), le prolétariat (statut
économique de valeur d’usage, de valeur d’échange).
Historiquement, nous avions une consonance salarié / exploité
/ prolétaire ; de nos jours la dissonance n’est pas marginale. Je
préfère utiliser les termes « prolétaire » et « prolétariat » définis
ainsi : « vend sa force de travail souvent
sous la forme de salaire pour obtenir ses
moyens de vivre. Du produit de son travail
les capitalistes extraient un bénéfice.
De sa situation sociale la bourgeoisie tire
ses privilèges. Sur les entités économiques,
politiques, administratives, il n’exerce ni
propriété ni contrôle. Son existence est
marquée par des rapports de production
et sociaux basés sur l’exploitation et l’oppression
 ».

Le prolétariat, pour améliorer son
existence, va s’opposer à la bourgeoisie. Le
combat prendra des formes réformistes
mais aussi révolutionnaires. Dans le prolétariat,
une partie va numériquement, techniquement,
idéologiquement, politiquement
être hégémonique : la classe ouvrière.
Son labeur s’exerce sur des matières
premières, des produits semi-finis ou finis, d’usage personnel
mais surtout marchand. Elle maîtrisait souvent toute la chaîne
technique de la production, de la matière brute à ouvrée.
Façonner implique une bonne qualification (écrire, lire, compter,
utiliser le calcul, la géométrie, lire et faire des plans…). Elle
use souvent de plusieurs métiers. Les plus politisés et combatifs
des ouvriers constitueront le mouvement ouvrier. Il opposera
au bourgeoisisme le socialisme et la lutte de classe. Il sera de
tous les grands combats pour la justice, l’égalité. Pour cela, mais
surtout pour ses engagements révolutionnaires, il sera persécuté.
Honni ou adulé, une telle figure incarnera le prolétariat, dont
elle éclipsera les autres composantes, d’où la confusion ouvrière
ou prolétarienne comme classe.

La couche ouvrière régressera dans le prolétariat. L’essor des
sciences et techniques converge avec le développement de la
bourgeoisie et du capitalisme. La rationalisation de l’économie
induit la concentration capitaliste : finance, moyens de productions,
force de travail. La société devient industrielle, urbaine,
marchande, consumériste, de nouveaux métiers apparaissent.
L’organisation scientifique du travail (Taylorisme) réduit l’ouvrage
à des manipulations simples (parcellisation), intensifie le
machinisme, la chaîne de montage, massifie l’ouvrier spécialisé
(non qualifié). Les usines essaiment ou se délocalisent,
employant une main d’oeuvre moins qualifiée, sans traditions de
lutte, corvéable, jetable et sous payée. Un ouvrier spécialisé
(O.S.) se remplace en quelques minutes. Un ouvrier qualifié
demande des années de formation, ajouté à un esprit combatif.
On comprend que le Taylorisme veuille affaiblir le poids des
ouvriers qualifiés. Le Fordisme intensifie la concentration capitaliste
et usinière, rationalise la fabrication, optimise la productivité,
produit en masse et standardise à prix compétitif. Ford
réalisant un gros bénéfice déclara « Je paie bien mes salariés
pour qu’ils achètent mes produits bon marché ». Cela produit
une forte croissance économique, la société de consommation,
l’urbanisation de la main d’oeuvre. Les embauches sont telles
qu’une énorme quantité de prolétaires devient salariée, ce qui
réduit le temps domestique. Pour compenser, les machines, et
les services envahissent la domesticité qui devient marchande,
capitalistique, etc. La société de consommation produit en
Occident un changement sociétal. En France, ce fut la période
des Trente Glorieuses (1945 à 1975) qui accrut la fonction
publique, les services, la tertiarisation,
l’emploi en général, les professions
moyennement et hautement qualifiées, la
classe moyenne, qui va détrôner le mouvement
ouvrier socialiste et imposer son
idéologie (voir ci-devant classe moyenne).
La concurrence et la concentration capitaliste
ruinent certains capitalistes ; vu leur
mentalité bourgeoise très à droite on les
embauche dans la chaîne de commandement
capitaliste. De plus, une partie du
prolétariat français de souche, grâce à l’ascenseur
social, intègre la classe moyenne
(cadres, contremaîtres, maîtrises, petits et
moyens chefs), libérant des emplois
moins qualifiés pour un néo-prolétariat
(l’ouvrier-masse) venu de la domesticité,
des campagnes, de l’immigration. Ces
diverses conditions du prolétariat provoquent
divisions et conflits entre les ouvriers-masse et les chefs
(larbins des patrons), les petits chefs contre les grand chefs, les
salariés du privé contre les fonctionnaires, etc. Le papy boom et
la croissance économique, lissent, masquent ou ignorent ou
n’exacerbent pas cette réalité.

La classe moyenne modifie le jeu vers un centrisme idéologique
et politique, elle pousse le syndicalisme dans la collaboration
de classe, l’intégration partenariale, le paritarisme, le corporatisme.
Elle soutient les partis modérés et les alliances électorales
favorables au Fordisme et au compromis historique de 1945
incarné par le CNR (Conseil national de la résistance) et par la
social-démocratie (du PC au Gaullisme). La classe moyenne
(qualifiée de classe petite ou moyenne bourgeoise) n’a pas d’imaginaire,
elle puisse dans diverses pensées en les moyennisant tout comme pour son idéologie. Celle-ci triomphe en 1968,
améliorant les conditions économique et culturelles du prolétariat.
Si aucun révolutionnaire ne considère comme vertu la misère,
si bien des aspects de la contre culture (anti-militarisme,
anti-sexisme, libération sexuelle et de la femme, anti-hiérarchie,
loisirs, anti-racisme, égalitarisme, etc.) viennent du fond socialiste
(d’où l’esprit qualifié de libertaire de 68), cela n’était qu’une
contestation, une amélioration permise par le cadre existant. La
masse en lutte n’a fait ni voulu de révolution, seule une minorité
visait cela. Bourgeoisie et capitalisme s’accommodent ou
récupèrent (mieux cela les conforte). L’esprit 68 modifie la
société, les salaires soutiennent la croissance. La mode des
années soixante est tertiaire (commerce, service, banque, fonctionnaire,
employé, blanc de col ou de blouse, la cravate-veston
pour faire chef). Le bleu de travail, l’ouvrier sont méprisés. La
violence symbolique ira les considérant comme incultes, en échec scolaire, débiles. Dans les écoles de la République les
enseignants véhiculent le fameux « Apprends ou tu seras ouvrier ».
On crée le mythe du lien compétences intellectuelles/catégories
sociales professionnelles. Nous savons que beaucoup qui se
croient supérieures sont intellectuellement réduites ; à fréquenter
tous ces milieux, on sait que médiocrité ou excellence y sont
d’égale proportion. Ce moyennisme fait le jeu de la bourgeoisie
qui sait que le capitalisme entre dans une nouvelle phase (mondialisation,
délocalisations, nouvelles productions).

La crise de 1974-75 sert ces objectifs : destruction de secteurs
industriels et de bastions ouvriers, insertion dans la division
internationale du travail de la portion hautement qualifiée
de la main d’oeuvre des pays développés (recherche & développement,
service, éducation, santé, encadrement, ingénierie, etc.)
Les usines à forte main d’oeuvre (usine de montage dites « tournevis
 ») sont transférées vers les pays en voie de développement.
Résultat, en 2010, la production industrielle est de 14 à 17 % du
PIB et les ouvriers sont réduits à 21,5 % des actifs. De 1975 à
nos jours, ceux-ci déclencheront massivement contre les restructurations
des luttes dures qui seront autant de défaites. Le
corporatisme moyenniste sera peu solidaire, jugeant
« archaïques » ces luttes ouvrières. En effet, le segment national
de l’économie mondialisée favorise l’emploi, le revenu, l’image
de soi de la classe moyenne. Le chômage affecte toutes les catégories
socio-professionnelles, mais le reclassement et l’embauche
fonctionnent pour la classe moyenne, pas pour les ouvriers.
La croissance de la pauvreté garantit le revenu de la classe
moyenne. Cela explique l’isolement des luttes de précaires, de
chômeurs, et autres luttes anti-délocalisation et mondialisation,
anti-capitaliste, etc. Le moyenniste suffrage entre social-démocratie
et social libéralisme, critique ou soutien, mais accepte les
choix des gouvernements de droite ou de gauche parce que cela
l’arrange.

Cela explique le faible impact de l’anarchosyndicalisme qui
dénonce l’illusion moyenniste, le corporatisme, la droite et la
gauche, le capitalisme, la mondialisation, le libéralisme, l’étatisme,
le libre échange, le protectionnisme, la finance, la paupérisation
y compris de la classe moyenne, etc. La crise de 2008 valide
nos critiques et vision systémiques : effets cumulés des crises
(financières, productives et géopolitiques, en Occident notamment
en France). Pour maintenir la compétitivité, le variable d’ajustement
salariale se retourne contre la classe moyenne. De
plus, son employabilité entre en concurrence avec celle des pays
émergents dont la classe moyenne s’accroît. Résultat en France,
elle subit paupérisation et chômage : trois ans après la formation,
le taux de chômage entre 2007 et 2010 passe bien de 7 à
5 % pour les titulaires d’un doctorat, mais de 5 à 9 % pour ceux
d’un master et de 7 à 11 % pour ceux d’une licence. Pour limiter
la casse, elle prend les emplois de qualification inférieure.
Nous savons que la catégorisation des classes est délicate
voire subjective car « l’idéologique » est une manière d’analyser
le champ social. En prenant comme paramètres, le revenu, la
qualification, la place dans la hiérarchie sociale, les catégories
socio-professionnelles, nous avons la classe haute (22,5 %), la
classe moyenne (26,6 %), la classe petite (50,9 %) de la population.
Notons que les statuts des actifs (au sens économique du
terme) sont, sur le plan juridique, d’être salariés à 90 %, sur le
plan économique prolétaires à 70 % environ, et que quelques
70 % également sont en limite ou en dessous du revenu moyen
(2 483€). La posture politique des classes est globalement la suivante
 : haute et partie moyenne (soit 31 % du corps électoral) à
droite ; partie moyenne et petite (soit 59 % du corps électoral)
à gauche et abstention. Pondérons cela car la classe en soi ne
détermine la classe pour soi. Des éléments idéologiques sont
manifestes et transgressent les classes par les individualités ; certains
bourgeois sont à gauche, des petit bourgeois sont à droite.
Idem pour les plus pauvres. Ajoutons l’abstention et cela
devient complexe. Mais les rapports : population / idéologie /
classe / territoire /circonscription font que les résultats électoraux
restent impactés par les classes.
Quelles positions politiques découleront de la crise 2008 ?
Soit la mondialisation redevient positive pour la classe moyenne
et elle accepte ce fait. Soit sa situation continue de se dégrader,
et une large fraction du moyennisme évoluera vers le protectionnisme,
le recours à l’État, une social-démocratie moins
libérale, etc. Si le mixte keynésien / fordiste (État, privé, marché,
planification, protectionnisme, libre-échange, national, mondial,
croissance, austérité, etc). n’empêche pas la dégradation, le corporatisme
moyenniste peut attaquer les plus riches ou les exclus
pour capter du revenu. Ce qui pose quelques problèmes à court
terme. La situation économique détermine la masse du revenu
qui baisse en cas de crise. La modification des ratios distributifs
crée de la conflitualité envers les plus exclus ainsi qu’aux franges
riches ou pauvres du moyennisme. De plus, cela ne règle rien au
niveau macro-économique et évite la vraie question : la paupérisation
est-elle intrinsèque à ce système ? Le moyennisme, seul,
électoralement, ne peut s’imposer. Défendant malgré tout le
capitalisme il s’allie si nécessaire avec la haute bourgeoisie, jusqu’à
la dictature contre les pauvres. Soit une partie de la classe
moyenne pense que l’avenir est dans une rupture avec le bourgeoisisme
et le capitalisme et ses variantes de droite ou de gauche,
elle opère ainsi une mutation idéologique (si celle-ci renoue
avec les idéaux socialistes originaux - au sens révolutionnaire).
Dans ce cas, la classe moyenne explose par divergences d’intérêts.
La sociologie des classes sociales incluant son idéologie, la
classe se recompose et une fraction politisée émerge.
Reconstituant le mouvement prolétarien dans le sens de l’ancien
mouvement ouvrier, elle modifie les perspectives dans le champ
de la lutte des classes. N’oublions pas que la moitié des professions
intermédiaires (24,5 % divisé par 2) constitue la classe
moyenne, soit dans la population, environ 8 millions de personnes
dont la condition culturelle et économique est très proche
ou similaire à celle des bas revenus. Ce prolétariat représente
environ 70 % de la population, soit 45 millions de personnes.
Idéologiquement réunifiées elles concentreraient les savoirs
techniques, professionnels, sociaux, et aurait la masse pour
changer la société. Tout cela est contingent, personne ne peut
dire ce que sera demain.

Nous, nous pensons que l’enjeu est « socialisme ou barbarie
 ». Il faut continuer à dire dire la vérité sur la droite et la gauche,
sur ce qu’implique leur discours, sur l’illusion des variantes
libérale ou social-démocrates du capitalisme et expliquer, construire
le projet sociétal qui selon nous ne peut être qu’égalitaire,
c’est-à-dire celui du communisme libertaire.

Caen le 22/02/2012, Jean Picard.

Vous trouverez dans les n°46 (Point de vue sur le capitalisme et ses
contradictions – l’Education nationale dans tous ses états), 48
(Réflexions sur le mouvement de l’automne 2010 – et autres textes),
49 (Indignez-vous ? Révoltez-vous ! Réponse à Stéphane
Hessel) des Cahiers de l’anarchosyndicalisme diverses références
sur la problématique des classes moyennes.

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