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Villiers-le-Bel

Publié le 16 novembre 2011

Le procès en appel des prétendus tireurs de Villiers-le-Bel s’est ouvert le 4 octobre dernier au tribunal de Nanterre. Les jeunes incriminés étaient accusés d’avoir tiré sur la police lors des émeutes de 2007 dans le quartier populaire de Villiers-le-Bel. Ces émeutes faisaient suite à la mort de deux jeunes du quartiers, renversés par une voiture de police lors d’une course poursuite (une pratique courante chez les policiers qui coursent régulièrement les jeunes sur leurs scooters avec leurs voitures ou fourgons beaucoup plus lourds évidemment, mettant ainsi en danger la vie d’adolescents auxquels ils n’ont généralement rien à reprocher [1], si ce n’est un « délit de sale gueule » ou des infractions mineures). Les policiers responsables ont été mis en examen après des années de tergiversations et une relaxe préalable. On se doute que le verdict, si un jour ils sont finalement jugés, sera des plus cléments pour ces « gardiens de la paix ». Il en est autrement pour les 3 jeunes condamnés eux à de lourdes peines allant de 3 à 15 ans de prison ferme.

Pourtant, s’il est évident que les policiers qui ont tué Mohsin et Laramy en les renversant, déclenchant plusieurs jours d’émeutes compréhensibles, sont responsables, le dossier d’accusation contre les jeunes jugés ici était complètement vide. Comme lors du premier procès, l’accusation n’a pas l’ombre d’une preuve, aucune pièce à conviction. Les seuls éléments sont des témoignages anonymes, d’individus rémunérés pour cela ou de personnes obligées à témoigner sous la contrainte.

Petit rappel du déroulement du premier procès

L’arrestation des accusés fut complètement arbitraire. La police, vexée de s’être fait tirer dessus, avait absolument besoin de trouver des coupables pour les juger et laver son honneur. On a donc pris des personnalités facilement identifiables dans le quartier et on les a transformées en coupables. Pour ce qui est des preuves, il n’y en a pas, pas plus que d’arme du crime ou de témoin direct. Le principal témoin était un flic qui, au moment des faits, ne pouvait identifier les tireurs à cause de l’obscurité et de la tenue camouflée de la silhouette qu’il avait pu entrevoir. Mais, miracle de l’optique policière, au moment du procès deux ans plus tard, il réussissait à désigner un tireur parmi les jeunes inculpés. Pour ce qui est des autres « témoins », tous étaient appelés à la barre « sous X » c’est à dire selon cette procédure scandaleuse, digne de l’Inquisition, qui permet d’accuser nommément quelqu’un tout en restant soi-même anonyme et de surcroît en étant rémunéré en espèces sonnantes et trébuchantes ou en bénéficiant de promesses de remise de peine. Pour cela les flics ont fait appel à ce qu’ils avaient sous la main pour faire office de témoins, en puisant directement dans leur « fichiers de délinquants »… ces personnes que les tribunaux considèrent systématiquement comme non crédibles ont retrouvé, par un deuxième miracle policier, une virginité, même celle condamnée pour pédophilie, à laquelle, semble-t-il, on avait fait miroiter une remise de peine si elle inventait une histoire pouvant compromettre les accusés…
En fin de compte, la plupart des témoins se sont rétractés, faisant état que leur témoignage avait été livré... sous la contrainte. Comment, à la vue de ces éléments, apporter le moindre crédit à ce procès ? Comment croire en cette justice de seconde zone au service du ministère de l’intérieur ?

Épilogue

Le procès en appel n’a pas apporté la moindre preuve sur l’affaire. Le dossier de l’accusation était vide en première instance. Il l’est resté en appel. Tellement que le tribunal n’a pas pu faire moins que d’acquitter deux des cinq personnes condamnées la première fois. Et pas des moindres : un des deux acquittés jouait dans la théorie de l’accusation un rôle primordial, celui du fournisseur d’arme. Ce procès s’achève donc sans arme retrouvée, sans fournisseur d’arme, sans aucun témoin crédible, avec deux acquittements mais avec trois condamnations. Le tout sur le même « dossier », ou plutôt sur la même absence de dossier. Mais l’important, après tout, c’est qu’il reste des « coupables ».

Manu_

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