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Ben Ali tombe, LE NEO-CONSERVATISME AUSSI / TROIS DOGMES QUI SE SONT ÉCROULES LE 14 JANVIER 2011

Publié le 13 mars 2011

  Ben Ali tombe, le néo-conservatisme aussi

Le 14 janvier 2011, la population tunisienne a infligé un
coup de massue aussi puissant qu’inattendu à l’idéologie
néo-conservatrice. De ce fait, l’événement, indépendamment
de ce qu’il deviendra, est déjà historique. Il
marque un virage dans les mentalités : les révoltés de
Tunisie ont rappelé aux exploités du monde entier qu’il
existe d’autres perspectives pour l’Humanité que la soumission
indéfinie, le fatalisme et la mortification. C’est en
cela qu’il y a eu Révolution. C’est cela qui se propage dans
tout le monde arabe, pays après pays. C’est cela qui a fait
tomber et fera tomber d’autres tyrans.
Oui, la situation est très ouverte. Oui, il y a des « dangers
 ». Oui, il faut approfondir, discuter ce qui se passe
pour mieux en saisir toute la complexité. Mais surtout, il
faut poursuivre le chemin, ici et partout, pour qu’au premier
coup qui a ébranlé la bête néo-conservatrice en succèdent
d’autres qui l’assomment complètement.

La tâche est importante car le
néo-conservatisme a su à la fois
décomplexer les pires position réactionnaires
(c’est ce que font les Teaparty
aux USA, la droite décomplexée
de Sarkozy en France) et, par
un discours présenté comme progressiste,
conduire habilement des
pensées potentiellement critiques
dans des impasses politiques. Cela a
été (et c’est encore) le rôle de ce
qu’on appelle le « post-modernisme
 ». Le leitmotiv du post-modernisme
en question, c’est de distiller
sur tous les tons que plus rien ne peut
désormais changer fondamentalement,
et encore moins par la force
collective. Comble de stupidité, ce
discours parfaitement réactionnaire,
fut « ...considéré et apprécié comme
un mouvement profondément de
gauche, progressiste voire contestataire
 », et donc repris à qui mieux-mieux
par l’extrême-gauche et des
libertaires ! Du coup, l’idée même de
révolution (dont le prototype pour
tous les néo-conservateurs est la
Révolution française de 1789) était
prise entre les deux mors d’une
même pince. D’un côté, les vieux
réactionnaires souillaient la Révolution
en prétendant que le stalinisme
et le nazisme étaient ses enfants
légitimes (le nazisme comme conséquence
des Lumières, il fallait le
faire, mais ils l’ont fait), de l’autre
nos postmodernes intellectuels de
gauche l’attaquaient en la présentant
comme la mère du colonialisme,
pratiquant eux aussi des raccourcis
historiques insensés entre Valmy et
le blocus maritime d’Alger ou les
campagnes coloniales de le IIIe
République. D’un côté comme de
l’autre, la confusion, et c’est là l’essentiel
pour les promoteurs du néoconservatisme,
était portée à son
comble (par exemple, en mêlant l’universalisme
révolutionnaire à son
contraire, l’idéologie coloniale raciste)
et la résignation promue comme
la seule vertu.

Dans un tel contexte
idéologique on ne s’étonnera pas que
le camarade Ben Ali (le dictateur) ait
pu rester un membre éminent de
l’Internationale Socialiste jusqu’à sa
chute sans que cela gêne personne
ou que nos ministre soient partis
« chez lui » en vacances pour que
leur famille y fasse des juteuses
affaires. C’est d’ailleurs pour les
mêmes raisons que ceux qui, à gauche
ou à l’extrême gauche, ont aidé
au développement et à la propagation
des thèses différencialistes [1]
continuent de nier la portée universaliste
du mouvement en cours.
L’exemple le plus typique nous est
fourni par l’emploi systématique
d’expressions comme « les peuples
et leurs luttes » qui n’évoquent que
les différences et surtout pas les
points communs !

Les événements actuels apportent
un démenti cinglant aux différentes
affirmations diffusées par le Pouvoir.
Contrairement à ce qu’il affirmait, ce
ne sont pas les islamistes, ni une
communauté particulière ni même
une fraction partisane qui est à l’initiative
des différents soulèvements ;
et les revendications n’ont rien de
catégorielles ou de communautaires,
elles sont plus globales tant sur le
plan politique que sociale. Elles traduisent
la volonté et, dans une certaine
mesure, la capacité, des populations
de reprendre leur vie en main.
Pour bien enfoncer le clou, on relèvera
qu’à Tunis les manifestants se
référaient à la Révolution Française,
comparant leur 14 janvier 2011 au
14 juillet 1789 !

M.

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