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DE L’IRAN A LA GRECE, POUVOIR ASSASSIN !

Publié le 14 juillet 2009

La foule s’ouvre sur la moto du
policier qui s’engouffre dans la
masse vivante, le voltigeur qui
conduit l’engin vrombissant est tellement
habitué à brutaliser et à
frapper des gens sans défense qu’il
ne se méfie pas. Il ne voit pas
qu’aujourd’hui la foule qu’il charge,
c’est le Peuple, tout un Peuple
électrisé par le mot de liberté.
En face du sbire sauvage des
ayatollahs, ceux et celles qui s’écartent
ne constituent ni un groupe
syndical ou politique et encore
moins un "service d’ordre", il y a
quelques minutes encore certaines
de ces personnes ne se connaissaient
pas et les voilà réunies dans
la solidarité de cette lutte massive.
En réalité personne ne fuit, le recul
amorcé est un piège qui se referme
sur la brute
mécanisée, des
hommes et des
femmes, sans
autre arme que
leur force morale,
dressés contre la dictature réinventent
spontanément les savantes
tactiques des phalanges
d’Alexandre le Grand contre les
chars à faux de Darius. Comme
dans une manoeuvre des légions
romaines happant les éléphants
d’Hannibal, le matraqueur est saisi
par des dizaines de bras et jeté a
terre.

Magnanimité et intelligence du
peuple révolté, sous l’uniforme
bestial il y avait un jeune homme et
pendant que son engin de mort
commence à brûler, les poings
rageurs redeviennent et des mains
secourables écartent l’ennemi vaincu
du brasier et essuient son sang
qui coule. Et ces faits nous parlent
déjà plus que de longs discours.

Cela se passe à Téhéran et ici en
France les commentateurs politiques
nous disent que ce peuple
héroïque n’aurait d’autre ambition
que de changer de chef ; ce changement
de chef étant que ce nos
politologues nomment la démocratie

  • montrant par-là quel mépris ils
    en ont, puisque tout se résumerait
    à un changement de dictateur.

Pourtant les masses iraniennes font
quotidiennement dans la rue, et
précisément sans aucun chef, la
démonstration des capacités du
Peuple à s’auto-organiser et à lutter
contre un pouvoir d’assassins. Ce
mouvement qui a démarré au prétexte
d’une controverse électorale
a mis en branle
quelque chose de
beaucoup plus profond.
Un élément qui
ne trompe pas, sur
l’état d’esprit du
peuple iranien, c’est
la participation par
la parole et par les
actes de femmes
anonymes qui expriment leur
volonté de se débarrasser de la
chape étouffante du pouvoir et des
religieux. Je l’ai vue sur mon écran,
ce 14 juin : elle n’a ni foulard ni
voile. Elle a les cheveux teints en
blond et un masque chirurgical
pour se protéger des grenades
lacrymogènes. Elle est décidée et
marche au milieu de ses camarades.
Qu’on la filme ne lui importe
pas. Ce qui compte pour elle, en ce
jour c’est de montrer la direction et
d’entraîner les hommes. "A bas la
dictature, vive la liberté !"
Deux jours plus tard, cette
autre femme est une véritable
lionne qui attaque seule,
à coups de pieds une bande
de policiers occupés à frapper
d’autres femmes à un
arrêt de bus. Agressée à son
tour par les soudards, elle
se réfugie au sein du petit
groupe qui se reforme
autour d’elle pour la protéger.
Toutes restent
debout sous les coups...

Elles et tant d’autres ! La
jeune Neda, abattue le
21 juin par un assassin
aux ordres des théocrates
payera de sa vie la peur
qui s’empare du Pouvoir
lorsque les femmes rentrent
dans la lutte. Dans ce
Panthéon immense des
victimes innombrables et
obscures de l’Etat et du
Capitalisme, Neda restera dans nos
mémoires unie à Alexandre, ce
jeune grec assassiné cet hiver par
un autre flic meurtrier.
A ce moment nos camarades
d’Athènes écrivaient : "Nos vies
n’appartiennent pas aux Etats et
aux assassins qui les
dirigent ! La mémoire
des frères et des
soeurs, des amis et
des camarades
assassinés reste vive
à travers nos luttes !
Nous n’oublions pas
nos frères et nos
soeurs, nous ne pardonnons
pas à leurs
assassins.".

La lutte populaire en Iran rejoint
celle de tous. Ce que nous voyons
en marche n’est pas autre chose
que cette immense fraternité universelle
qui se lève peu a peu contre
les criminels qui nous gouvernent.
Elle nous réunira par-delà les
frontières autour de ce qui lui
donne corps et qui la fera vaincre :
L’Idée que l’on peut vivre libres,
ensemble et dignement, en dehors
des sordides schémas imposés par
l’idéologie de la domination.

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