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Le possibilisme est un suicide quotidien

Publié le 9 juillet 2007

Réflexion à propos des suicides de plusieurs salariés chez RENAULT, PSA, EDF-GDF, ... :

Chez Renault, chez PSA, à EDF-GDF, parmi les personnels des maisons de retraite, tout comme chez les ouvriers de l’agriculture où du bâtiment, dans tous les lieux d’exploitation, les suicides, généralement passés sous silence, se multiplient. Pourquoi ?

On peut d’abord penser à l’augmentation des cadences, à la recherche de productivité et au stress à l’intérieur de l’usine,-sur le lieu de travail. Mais aussi, au raccourcissement du temps, à la recherche de la rapidité, à l’omniprésence de technologies addictives à l’extérieur.

Quelle différence en effet entre nos conditions de travail et nos modes de vie ? L’homme moderne, le producteur-consommateur , a fini par transférer les nouveaux carcans de l’exploitation (informatique, téléphone portable, gadgets divers) dans son intimité. Le travail tue ; oui, mais pas seulement. Ce qui tue, c’est la conception et le cadre dans lequel se déroulent nos existences. Dépressions, suicides, sont les réponses individuelles aux problèmes d’une société égotisée, celle du " chacun pour soi ". De l’individualisation des contrats de travail à l’isolement des individus au quotidien, tout transpire du règne marchand, tout pousse à détruire la vie relationnelle ; aucune différence de fond entre le monde du travail et le reste.

Alors, quelle est donc la cause des suicides d’ingénieurs, de cadres, d’ouvriers ? Laissons les énarques de la CNAM et les bureaucrates des syndicats pontifier avec lourdeur là-dessus. Pour peu, ils nous feraient croire qu’après les heures de boulot, la vie est un paradis. Comme si, tel le nuage de Tchenobyl, l’aliénation actuelle avait des limites géographiques, comme si elle s’arrêtait aux portes du bureau, de l’usine, du travail. Alors qu’elle est dans tout ces fragments de journée que sont les bouchons, les attentes sur le quais, les contrôles de police, la télésurveillance,... dans tout ce qui résulte d’une société totalitaire, parce que c’est la totalité des nos journées qui est soumise au règne de la même idée : l’illusion d’avoir plus, qui se paye par la certitude d’être moins. Le tableau psychiatrique des populations est là pour nous le dire, le pouvoir ne limite pas son action destructrice à 35 h par semaine.

Les valeurs idéologiques de la production ont infesté le champ de la consommation, c’est pourquoi il est inutile de séparer ce qui appartient au désespoir du travail de ce qui appartient à la démoralisation de la vie.

L’utopie révolutionnaire ne s’est jamais posée en termes objectifs ou rationnels, raisonnables, elle s’est toujours posée comme un défi. Celui de transformer la Vie.
Il ne s’agit pas de demander que notre cage soit repeinte en rose. Il s’agit, du moment où l’on se lève jusqu’à celui où l’on se couche, de pouvoir respirer librement. Il ne s ’agit pas de dire, comme certains le font, qu’il est possible de repeindre la cage et qu’il est impossible de la briser. Il ne s’agit pas de dire, comme d’autres, qu’il faut attendre que la cage se resserre plus encore pour se révolter, que ce n’est pas l’heure... dire cela ou ne rien dire revient au même, car le possibilisme et l’attentisme ne font que valider le désespoir, ne font que pousser au suicide.

Non, il s’agit d’affirmer haut et fort que briser la cage est la nécessité de laquelle doivent découler toutes nos pratiques et interventions sur le terrain social, parce qu’elle seule ouvre l’espoir d’une Vie pleine, entière et digne d’être vécue par tous et par chacun.

Y.V.

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