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Monica et Franco, anarchistes emprisonnés au Chili

Publié le 18 décembre 2020

En octobre 2019, un mouvement de protestation s’est développé au Chili suite à l’augmentation du prix du ticket de métro. Principalement menés par des étudiants et des lycéens, diverses actions ont été menées dans la capitale . Nombre de personnes ont appliqué slogan les incitant à entrer en masse dans le métro sans payer. Les forces de l’ordre sont intervenues très vite pour réprimer ces actions de masse et à un moment donné, la police anti-émeutes a mené une série de charges brutales dans les couloirs du métro contre les jeunes manifestants. Ces actions
répressives ont suscité dans la population, en particulier parmi les travailleurs et les chômeurs un un réel mouvement de soutien, les gens protestant à la fois contre la répression policière et contre l’augmentation du prix des transports.

Le 17 octobre 2019, une manifestation massive en soutien aux étudiants, est violemment réprimée par la police, ce qui créé un chaos indescriptible dans le centre de la capitale.Le lendemain, la plus grande révolte populaire de mémoire d’homme éclate au Chili.

Cette révolte s’étend dans tout le pays et elle allait durer plusieurs mois. Pour la mater, le gouvernement instaure l’état d’urgence et l’armée descend dans les rues. Au total, plus de 30 personnes sont tuées par les forces de répression, les blessés se comptent par centaines. Malgré la violence étatique, la révolte ne s’arrête pas, du coup le gouvernement effrayé, est obligé de faire rentrer les militaires dans les casernes, les gens en masse envahissent les rues, pillent, attaquent les policiers meurtriers, incendient leurs véhicules, les casernes, les banques et les bâtiments gouvernementaux.

Repris massivement par la foule, le slogan « ce n’est pas pour 30 pesos, c’est pour les 30 ans » dit bien le sens de ce mouvement. La colère des manifestants n’était pas suscitée par les seuls 30 pesos d’augmentation du prix du billet de métro (une augmentation de 0,5%) mais surtout par le fait que les 30 ans de « démocratie » qui ont succédé aux 15 ans de dictature de Pinochet n’ont rien changé. La colère populaire dénonçait à la fois l’augmentation du coût de la vie, l’arrogance des riches, la scandaleuse augmentation de leurs fortunes, la pauvreté, la répression des forces étatiques et ce mouvement fut totalement spontané, sans dirigeants ni dirigés.

Aucun parti politique n’a par ailleurs capitalisé sur ce mécontentement. Un comité de soutien aux plus de 2000 prisonniers de cette révolte populaire hétérogène, coordination du 18 octobre a été mis en place. C’est dans ce contexte que le bureau du ministre de l’intérieur fut attaqué et détruit par des manifestants et que lors d’un attentat contre un commissariat (il y en eut beaucoup) plusieurs policiers furent légèrement blessés .

Le 24 juillet 2020, deux membres de la coordination du 18 octobre, les anarchistes, Monica et Francisco ont été arrêtés et accusés d’être les auteurs des attentats. Ils sont aujourd’hui emprisonnés dans deux prisons à haute sécurité, isolés et privés de visite sous prétexte du coronavirus. Pour cette raison, Francisco et un autre révolté prisonnier ont lancé une action de grève de la faim et refusent de sortir dans la cour, les seules possibilité pour eux de continuer à lutter.

Dans deux mois, un procès devrait se tenir, ils encourent de lourdes peines de prison. Ci dessous le communiqué de la coordination du 18 octobre suite à
leur arrestation .

Après une explosion dans le commissariat de Huechuraba et l’attaque manquée contre le cabinet de l’ancien ministre de l’intérieur R. Hinzpeter, après la plus grande révolte du peuple chilien, au milieu d’une pandémie mondiale, deux anarchistes sont arrêtés et la presse bourgeoise les dénonce comme coupables avant tout procès.

La rapidité avec laquelle les média ont eu l’accès aux soi-disant preuves présentées par l’accusation, leur présence obscène lors des arrestations et leur présentation morbide de cette affaire prouve leur partialité. Il sont les soutiens du pouvoir, complices de la police et sont un des fondements de la société.La révolte sociale actuelle ne remet pas en cause tel ou tel aspect du régime, mais elle s’attaque aux fondements même de ce régime.Les millions de personnes qui manifestent ne contestent pas tel ou tel groupe politique mais l’organisation même de la société, les racines du système social. La seule réponse de l’état a été de moderniser la répression, et de cibler tous ceux qui se dressent contre le système en les déclarant ennemis.

C’est le cas de Monica et Francisco, camarades anarchistes . Ce n’est pas un hasard si cela se produit alors que le gouvernement est sur le point de promulguer une loi sur le renseignement qui accroît les pouvoirs de la police, et implique les forces armées dans la répression. Les organisations sociales sont ainsi davantage criminalisées et une menace directe pèse sur toute tentative de protestation populaire.

En tant que coordination de soutien aux prisonniers politiques, nous avons été ciblés, persécutés et victimes de tentatives d’intimidation . La dénonciation de l’emprisonnement systématique des militants sociaux a profondément marqué une grande partie de la société et la violence de la répression a mis à nu les contradictions du système. La coordination de soutien aux prisonniers politiques nous permet de nous retrouver tous dans la lutte, en dépassant les différences de
classe, et elle constitue une menace réelle pour le pouvoir. Il n’est donc pas étonnant que le pouvoir cherche à nous diviser en différenciant les divers types de protestation, et en essayant d’opposer les manifestants entre eux.

Francisco et Monica nous vous exprimons notre soutien total, toute notre affection et notre amour vont vers vous et tous ceux qui sont emprisonnés. Nous ne reculerons pas dans notre soutien. Nous vous embrassons en regardant la lune, que vous et nous pouvons voir malgré les murs qui nous séparent. Nous sommes plus
unis que jamais.

Monica et Francisco dans la rue !

Liberté pour tous les prisonniers politiques !

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