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CHILI : "Je sais juste que ce n’est pas Marx. Cela ressemble plus à Bakounine."

Publié le 7 mars 2020

C’est aujourd’hui le temps des organisations, des collectifs, des capuches et de l’horizontalité. Le gouvernement, ne comprend pas que c’est une lutte qui avait commencé bien avant le retour à la démocratie, une lutte par laquelle nous nous sommes tous soulevés, pobladores (petits paysans familiaux pauvres), étudiants, travailleuses et travailleurs, femmes et hommes au foyer, enfants et jeunes, qui souhaitions un nouveau contrat social incluant tout le monde.

Mais au final, nous avons seulement obtenu un pacte social au niveau des partis politiques, qui n’incluait personne d’autre qu’eux-mêmes. En outre, ils ont légiféré dans le cadre d’accords qui leur ont été bénéfiques et, par leur intermédiaire, aux grandes fortunes du Chili. Nous l’avions déjà dit à la fin des années 80, que ce qui était né [de l’après Pinochet] était une partitocratie, puisque le seul moyen reconnu et autorisé de représenter ou d’être représentant était par l’intermédiaire des partis politiques.

Dans les années 90, une nouvelle façon de se relier et d’agir a émergée, qui remet en question la structure autoritaire et exclusive des organisations traditionnelles. Cependant, avec les pratiques des années 80, des organisations ont été construites qui ont été lentement cooptées et imprégnées d’autoritarisme et de faux leaders (ce qui ne veut pas dire pas qu’il existerait des leaders vrais ou acceptables). Cependant, il existe encore des organisations dont l’objectif est toujours le contrat social inclusif, et ce sont elles qui se manifestent sans leaders, sans représentants et parviennent à imprégner toute la société qui découvre peu à peu sa force et sa solidarité de lutte.

Cette lutte en presque 4 semaines a réussi à rendre visibles de manière active et alarmante les demandes les plus urgentes, qui n’ont rien à voir avec les 30 $ du prix du métro de ticket, et beaucoup plus avec les pillards qui rendent au peuple les biens qu’ils ont pris, où le cas de ces rivières asséchées, avec des gens incapables de nourrir leurs animaux ou d’entretenir leurs cultures, tandis qu’un seul « señor » peut arroser sans problème de nombreux hectares. Aujourd’hui, comme ces fleuves qui reprennent leur cours, la population dans son ensemble, à travers des organisations sociales et populaires, loin des partis politiques qui dirigent depuis plusieurs décennies les luttes, a également commencé à marcher de manière à se représenter elle-même, agissant et parlant par elle-même, en soulignant les changements profonds qui remettent en question ce modèle de capitalisme radical.

En tant qu’anarchistes, nous voyons que cette manifestation de protestation a réussi à générer un changement de paradigme dans la lutte sociale, a maintenu une révolte attaquant des symboles économiques qui sont le support de ce système, non plus en crise, mais définitivement en défaite. De la même manière que les libéraux se réfèrent au socialisme vénézuélien comme à un système qui ne donne pas de réponses, de même le libéralisme chilien ne donne pas de réponse non plus, car il est construit sur une illusion idéologique imposée par les armes et entretenue par l’endettement individuel.

La population et les organisations horizontales et d’affinités ont réussi à rester dans la rue avec et malgré les milices militaires ; loin de diminuer les manifestations se sont multipliées, de nombreuses personnes les ayant rejoint contre la répression policière.

Nous pensons que parallèlement au maintien des barricades et à la manifestation dans les centres-villes, il est nécessaire d’activer et d’organiser des assemblées populaires et réelles et de définir la discussion des stratégies et des approches pour lutter, avec des territoires libérés de la répression et du pouvoir de l’État. Une feuille de route pour un « Chili Minimum » (Chile Minimo) avec laquelle nous progressons vers une nouvelle restructuration de la société : plus solidaire, plus active et plus combative.

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