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L’anarchosyndicalisme questionné

Publié le 26 novembre 2006

  Qui a besoin de la représentativité ?

Le pouvoir a besoin de la représentativité, parce qu’il a besoin d’interlocuteurs afin de contrôler l’action éventuelle des opprimés et de garantir à la classe dominante l’ordre social. La représentativité, c’est donc le problème du pouvoir, non celui des anarchosyndicalistes. Nous refusons tout autant la comédie médiatique et la contestation spectaculaire, qui vident nos révoltes de leur sens en les réduisant à des images ridicules de manifestation-kermesses et de clowns champêtres. Aussi, “nous ne parlons pas” aux journalistes comme aux autres valets du pouvoir.

La pratique de la représentativité, tout comme celle de la visibilité médiatique est largement utilisée par le capitalisme et l’État pour maintenir la domination de classe. Il ne s’agit pas là de simples "outils" dénués de contenu mais au contraire d’instruments idéologiques, porteurs en eux-mêmes d’aliénation. De là leur incompatibilité de fond avec l’ensemble de la pensée libertaire.

Le premier argument que nous opposent les défenseurs de la représentativité repose sur une critique de la délégation suivie de l’affirmation que la représentativité est valable si elle est obtenue par l’action. Or, pourquoi une représentativité obtenue par l’action (même directe) n’aurait-elle pas les mêmes résultats négatifs qu’une représentativité obtenue par toute autre voie ? Voilà ce à quoi la réponse qu’on nous fait se garde bien de répondre ! Car c’est pourtant là que se trouve le cœur du problème : c’est la représentativité qui crée la subordination, pas la façon dont on acquiert cette représentativité. Pour ne citer qu’un exemple, qu’on se rappelle l’histoire du "syndicat de combat" Solidarnosc, en Pologne dans les années 1980, et le parcours de son leader le plus représentatif, Lech Walesa.

Un deuxième argument, plus tactique, est avancé : “on ne pourrait pas faire autrement, car sinon on n’aurait pas de droits”. Puisqu’on parle de droit formel, il est toujours utile de rappeler qu’en dépit d’une rumeur savamment entretenue par tous les professionnels du syndicalisme, les salariés du privé ont à ce jour, section syndicale ou pas, des droits. En particulier un droit essentiel : celui de se mettre en grève sans représentativité, sans délégué du personnel, sans délégué syndical, sans élu à quelque comité que ce soit.

En pratique, la représentativité n’apporte aucun droit essentiel à l’ensemble des travailleurs. Elle apporte des avantages particuliers aux délégués (mais se tourne facilement contre eux s’ils ne comprennent pas assez vite que les avantages légaux qui leur sont octroyés le sont en échange de leur collaboration avec le patron !)

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