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La police nous protège ? Qui nous protège de la police ?

Publié le 2 novembre 2006

Agen, dimanche 23 avril 2006. Une ambiance sympa, des gens tout sourire... Une soirée cabaret à la Baraq’abricot à l’occasion de la clôture de la semaine sans télé... Théâtre, animation pour enfants, clowns, spectacles, concerts... Une belle soirée...

B., comédien d’une petite troupe de théâtre amateur, vient de jouer un petit spectacle en compagnie de ses amis. Au programme ce soir : Raymond Devos...
Le public est ravi, les enfants enthousiastes et les plus grands aussi. L’ambiance est à la bonne humeur... Mais la route est longue et B. et le reste de sa troupe quittent la Baraq’abricot juste après leur petit spectacle.

En sortant, B., qui suit ses amis de quelques mètres, reconnaît un autre ami sur le trottoir d’en face. Celui-ci est entouré de trois personnes. B. lui demande si tout va bien ? Son ami lui répond : « - non, ça ne va pas ! » Inquiet, B. traverse la rue et se rapproche du groupe des trois hommes qui entourent son ami. Solidaire, il veut comprendre ce qui se passe, pourquoi ça ne va pas ? Arrivé à la hauteur du groupe, l’ambiance est déjà beaucoup moins bonne. Les trois individus ont une attitude étrange, ils sont distants et menaçants. B. veut savoir pourquoi son ami est angoissé et il le lui demande, mais les autres hommes de plus en plus menaçants l’empêchent de répondre et refusent eux aussi de s’expliquer. B. insiste. Hors de question de laisser son ami dans cette situation. L’atmosphère est tendue, les regards sont glaciaux. Les trois hommes prétendent que tout va bien, simulent la décontraction, mais leurs regards les trahissent. Et puis son ami angoissé lui a bien dit que ça n’allait pas. B. reste. Au bout de quelques minutes l’ambiance est de plus en plus tendue. Soudain un des trois individus brandit son portefeuille en l’air et crie :
« - Police ! » Au même instant et de manière bien coordonnée, un des deux autres hommes s’empare fermement du bras droit de B. en lui serrant le poignet. En quelques secondes B. se retrouve menotté dans le dos. Il ne comprend rien de ce qui lui arrive. Il ne résiste pas physiquement, mais proteste verbalement, énergiquement, contre ce que sont en train de lui faire subir ces hommes, qui se sont révélés être des policiers en civil. Il proteste contre cette privation de liberté totalement injuste et injustifiable, mais les trois policiers ne veulent rien entendre. Ils le conduisent vers une voiture de police qui vient d’arriver, depuis quelques secondes, tout gyrophares allumés. B. menotté dans le dos, accompagné des trois policiers, croise son groupe d’amis de la troupe de théâtre, incrédule et sidéré devant ce spectacle stupéfiant. B. continue d’avancer vers la voiture quand tout à coup surgit derrière lui un quatrième policier, en uniforme, qui lui crie dessus totalement surexcité.
B., excédé, n’en croit pas ses yeux ni ses oreilles. Il se retourne vers lui et a l’audace de répondre verbalement au « gardien de la paix »...

Erreur.

Les choses se gâtent alors pour lui. Les quatre policiers se jettent violemment sur lui, le soulèvent de terre et le projettent littéralement dans la voiture. B., choqué, se retrouve dans une position douloureuse, la tête au sol sous le siège, les pieds sur la plage arrière, menotté dans le dos. Pendant ce temps là, d’autres policiers en uniforme sont arrivés, et ont entouré le petit groupe de comédiens, choqués par ce qui est en train de se dérouler sous leurs yeux. Dans la voiture, B. essaye tant bien que mal de se redresser. Au bout de plusieurs minutes, il y parvient, il arrive à ouvrir la portière et à sortir du véhicule. Il hurle au secours et alerte ainsi plusieurs personnes du voisinage, qui sont alors témoins elles aussi de ce qui va suivre. Les policiers, à raison de cinq ou six, se jettent très brutalement sur lui, le fauchent et le frappe à terre alors qu’il est toujours menotté dans le dos. Les policiers injurieux s’en donnent à cœur joie. B. hurle de douleur. C’est alors que l’un des policiers entoure de son bras le cou de B. et l’étrangle pour le faire taire. Il serre très fort mais on parvient toujours à entendre quelques cris qui sortent de la bouche de B.. Cela dure plusieurs minutes, de très longues minutes. C’est alors que les cinq ou six policiers qui s’acharnent sur lui, le soulèvent à nouveau de terre, en position horizontale, ce qui permet au policier qui l’étrangle de resserrer complètement son bras sur son cou. Plus aucun son ne sort de la bouche de B.. Il est complètement étranglé, incapable de respirer ni d’expirer. Ses poumons sont complètement congestionnés. Déjà durant les minutes précédentes, il avait du mal à respirer, mais là pendant de très longues secondes il n’a plus d’air du tout.
Au bout de trente secondes, tous le muscles de son corps se relâchent.
Au bout de quarante secondes, ses jambes se mettent à battre dans tous les sens en des mouvements compulsifs.
Au bout de cinquante secondes, le policier desserre sa clé.
B. est en vie, mais sérieusement commotionné.

Il est emmené au commissariat pour une garde à vue qui va durer... 18 HEURES.

Ses amis, restés sur place, subissent un contrôle d’identité autoritaire et provocateur.

Pendant sa garde à vue, alors qu’il souffre de multiples douleurs sur tout le corps et notamment à la tête et au cou, il n’est pas soigné. On l’oblige à se mettre nu et à faire des flexions pour vérifier qu’il ne dissimule rien dans son intimité. Procédure visant évidement à l’humiliation, comme si ce qu’il venait de vivre ne suffisait pas. Il a également fait l’objet d’un contrôle d’alcoolémie : Zéro grammes d’alcool dans le sang.

Le lendemain en fin d’après-midi, quand il récupère ses affaires personnelles, il manque
50 € dans son portefeuille, ainsi que sa carte d’identité. Il essaye de porter plainte, notamment pour vol, mais cela lui est refusé !
Ne parvenant pas à joindre ses amis, c’est en auto-stop qu’il doit rentrer chez lui, à plus de 50 kms de là, blessé et affaibli par les 18 heures d’enfermement. Plus tard dans la soirée, il se rend à l’hôpital où les médecins constatent ses blessures et le soignent.

Après ce cauchemar, les policiers ont... porté plainte contre B. pour « outrage et rébellion » !
B. aussi a porté plainte contre les policiers.

Le procès aura lieu le vendredi 10 novembre à 14h00, au tribunal de grande instance d’Agen.*

Venez le soutenir.

  • le procès pour le vol de son argent pendant sa garde à vue par une « personne dépositaire de l’autorité publique à l’occasion de l’exercice de ses fonctions » a été fixé un autre jour, le mardi 14 Novembre, à 14h00 heures.

Le Collectif Contre les Violences Policières (47 )- CCVP47

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