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ÉLECTIONS PARTOUT, DÉMOCRATIE NULLE PART : DE HITLER A TRUMP

Publié le 9 décembre 2016

Depuis longtemps les propagandistes de la démocratie représentative nous vendent les élections comme une preuve et une condition sinequa non de la démocratie. Pourtant en y regardant de plus près, chacun peut constater que de droit de vote, contrairement à la lutte sociale, n’a jamais amélioré nos conditions de vie ou fait progresser nos droits. Au contraire, nombre d’exemples historiques montrent que c’est un piège pouvant enfanter la barbarie. Dans certains cas, les élections servent à légitimer les pires régimes dictatoriaux ou fascistes.

  LA CRISE QUI DÉBUTE DÉMONTRE QUE LA SOCIÉTÉ A BESOIN D’UN CHANGEMENT PROFOND (2002)

L’ABSTENTION MAJORITAIRE

Le 21 avril, onze millions de personnes se sont abstenues. Plus d’un million ont voté blanc ou nul. Le nombre d’abstentionnistes est supérieur au double du nombre de voix recueillies par le candidat qui arrive en tête du scrutin (5 millions seulement). C’est la première fois que l’abstention est numériquement majoritaire aux présidentielles. Ce n’est pas simplement un véritable camouflet infligé à Chirac, Jospin et aux politiciens dans leur ensemble. C’est surtout la marque du rejet massif de la logique politicienne ; cette abstention ayant été, pour une large part, volontaire.

LA PEAU DE L’OURS

Forts de la manipulation des esprits à laquelle elle a participé (sur le thème de l’insécurité), de sa main mise sur les rouages de l’État (Gouvernement, préfets, radios et télés dites de service public) de ses nombreux relais (syndicats institutionnels, associations contrôlées.) les socialistes et leurs alliés avaient vendu la peau de l’ours électoral avant de l’avoir tué. Toutes les fractions de la gauche et de l’extrême-gauche politicienne ont voulu compter leurs voix, évaluer leur influence. Elles ont toutes présenté un candidat. Pourquoi ? Pour pouvoir négocier au prix fort les strapontins ministériels dans le prochain gouvernement !

Cet éparpillement a coûté sa deuxième (et même sa première) place à Jospin. La course effrénée au partage du butin de toute cette politicaillerie a été sanctionnée. Mais, sur ce point, les politiciens, les commentateurs politiques et les médias sont discrets : ils réservent leurs attaques, violentes et quotidiennes, aux abstentionnistes. Ils ont très peu souligné la responsabilité de ceux qui ont divisé leurs propres camps. Ils oublient de dire qu’il aurait suffit qu’une seule des fractions de la gauche plurielle S’ABSTIENNE de présenter un candidat pour que Jospin "passe" au deuxième tour ! […]

LE PIÈGE S’EST DÉJÀ REFERMÉ

S’il y a une seule illusion qui n’est pas permise, c’est celle de penser que le deuxième tour et les législatives permettront de "faire barrage", et que protégé par ce "barrage", tout le monde n’aura plus qu’à partir tranquillement à la plage pour les vacances, tout danger étant écarté. Quel que soit le résultat de ces élections, on peut affirmer que le piège s’est déjà refermé sur la population. Les déclarations qui se sont succédé après le 21 avril à 20 heures, montrent que le jeu politicien et parlementaire a simplement franchi un pas de plus dans la perversité. La gauche renouvelle le calcul cynique qu’elle fait depuis vingt ans.

Si aujourd’hui, elle n’ose pas dire aussi clairement que le faisait le Premier ministre Pierre Bérégovoy "Le FN est la chance historique du PS. Tant qu’il sera fort, la droite sera inéligible", elle compte bien utiliser la peur pour enrayer l’abstention populaire, comprimer le vote protestataire et obtenir une majorité parlementaire aux prochaines législatives (car les seuls enjeux électoraux qui l’intéressent désormais sont là). La gauche espère donc reprendre le gouvernement.

Mais quel sera le résultat ? Si elle continue la même politique (soit seule, soit dans le cadre d’une alliance gauche plurielle-UDF-divers droite), les mêmes causes produisant les mêmes effets, la misère et le mécontentement de la population ne feront que grandir. Il sera encore plus facile la prochaine fois pour l’extrême-droite de capter les électeurs, de faire un score encore plus "historique" Le choix électoral que nous préparent les politiciens "pour dans cinq ans" [1] sera de ce fait encore pire. […]

LES ÉLECTIONS PASSENT, LES PROBLÈMES S’AGGRAVENT

La logique parlementaire et les jeux politiciens de conquête du pouvoir, amènent à un compromis républicain c’est-à-dire antisocial. Ce qu’ils veulent sauver, sous les noms de "démocratie" et "république", c’est l’ensemble du système politique, idéologique et économique qui perpétue l’exploitation.
L’exclusion, les licenciements, le manque de libertés, l’arsenal répressif, les conflits armés, la mondialisation libérale, l’exploitation du tiers monde, les pollutions, augmentent quels que soient les gouvernements car ils sont tous à la botte du capital. En appelant à voter et à soutenir le système parlementaire anti-démocratique, la gauche et l’extrême-gauche ont œuvré à déshabituer les travailleurs à lutter pied à pied, par la grève et l’action directe, contre les attaques patronales. Aujourd’hui, avec le vote Chirac, ils rompent un nouveau seuil psychologique et idéologique. Le choc qui en découle nous ouvre des perspectives. La lutte contre l’aggravation de la situation sociale doit nous inciter à l’action.

AUJOURD’HUI, NOS TACHES

[…] Notre message sera clair. A la veille du deuxième tour, malgré l’ambiance de panique médiatico-politique montante, malgré la scandaleuse (et, on nous permettra de le dire, l’antidémocratique) "chasse aux abstentionnistes", malgré les mensonges et les calomnies dont on nous accable, nous assumons calmement et sereinement notre abstention du premier tour et nous renouvelons notre soutien fraternel à tous ceux qui ont relayé notre campagne.
Si l’abstention au premier tour a été un refus, l’abstention au deuxième tour sera une rupture. Rupture psychologique et idéologique aujourd’hui, rupture sociale demain.
Face à ce qui se profile, à l’aggravation de nos conditions de vie, à l’augmentation de l’oppression et de l’aliénation, il est indispensable de construire un rapport de force à la base. Il n’y a pas d’autre solution. Faire semblant de croire que Chirac est le rempart de la démocratie et les législatives la solution définitive, c’est reculer pour mieux se faire manger demain.
CNT-AIT Toulouse

[Extrait du numéro spécial que nous avons publié entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2002]

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