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De Clermont-Ferrand à Barcelone : Anarchosyndicalisme !

Publié le 23 juin 2013

Du 1er au 4 mai, la CNT-AIT 63 a tenté d’apporter sa pierre à l’édifice de la résistance populaire et autonome. Au programme : manifestation du 1er Mai, présentation de la lutte contre Nataïs à Cornella en Catalogne le 3, et manifestation contre la torture en prison et les violences policières le 4 à Barcelone.

1er mai : riposte anarchosyndicaliste

Après le succès des deux années précédentes, nous avions longuement discuté sur ce 1er-Mai, et nous avons finalement décidé de faire un cortège autonome. En toute honnêteté, il nous aurait été difficile de faire aussi réussi que l’an dernier (voir Anarchosyndicalisme  !), mais nous sommes néanmoins satisfaits. En effet, une trentaine de personnes a répondu à l’appel de la CNT-AIT 63 ce qui est pour nous très positif.

Rendez-vous donc au local à 09 h 30, ce dernier trop petit pour accueillir tout ce monde  ! Nous sommes donc joyeusement et spontanément parti-es en déambulation sur la ligne de tram, chantant quelques slogans, donnant des tracts aux rares passants (il tombait des cordes), chambrant deux socialistes de passage, bref un joyeux bordel. Un compagnon a parfaitement commenté, avec un brin d’auto-dérision : « Les Pieds Nickelés essayant de faire du syndicalisme ».

Après un début un peu laborieux, nous arrivons près du rassemblement syndical (CGT, FSU, Solidaires, UNEF rejoints par FO). Moins de 200 personnes sur la place de la Liberté... Et de nulle part, déboulent une trentaine de personnes, drapeaux rouge et noir au vent. « Les syndicats sont nos amis, jamais ils ne nous ont trahis », « Ni Dieu, Ni Maître, Ni Social-Traître », « Résistance Populaire et Autonome » chantions-nous en plein milieu des discours syndicaux, pendant que des compagnes-ons diffusaient le tract. Plusieurs personnes sont venu-es demander un tract, un journal, discuter. Les syndicalistes (permanent-es pour la plupart), quant à eux, nous regardaient de travers. Vient le discours FO, et là, à plein poumons « FO a signé à Renault ». Le chef local finit son discours par « Le slogan international du prolétariat le 1er-Mai, Ni Dieu, Ni Maître ! » ce qui confirme encore une fois qu’en ces temps de crise, la récupération est sans limites. Les esprits se sont alors échauffés avec des permanent-es de FO mais nous continuons « Vive la lutte des travailleurs, sans permanents et sans subventions ». Nous finissons de diffuser les tracts. Les journalistes viennent alors nous voir, mais nous n’avions pas prévu de réponse collective. Ils ne parleront pas de nous, sauf une ligne dans La Montagne.

Après cela nous sommes parti-es finir ce 1er-Mai devant McDonald, «  McDo exploite et licencie, Solidarité avec les exploités », en diffusant nos derniers tracts. Nous avons alors vu entrer au McDo... des militant-es Lutte Ouvrière (pour y manger, pas pour lutter !). Un compagnon n’a pas hésité à leur faire remarquer...Un bon 1er-Mai, mais un début !

CéNéTé-AIT 63 en exil

En « exil », un groupe d’anarchosyndicalistes de notre UL est ensuite parti, juste après la manifestation à la rencontre de compagnons du SIA 32 (syndicat du Gers de la CNT-AIT) à Auch (voir les articles sur la lutte à Nataïs dans nos divers numéros) pour se rendre ensuite à proximité de Barcelone pour la manifestation anarchiste anticarcérale contre les tortures infligées, notamment par des matons syndiqués à l’UGT (= CFDT) et aux CCOO (= CGT), à nos compagnons embastillés.

Nous avons été accueilli-es par les compagnons de Cornella (banlieue de Barcelone). Les copains du SIA 32 ont présenté leur lutte contre NATAÏS au local de nos compagnons de la CNT-AIT de Cornella. D’ailleurs nous en profitons pour vous annoncer que fin juin, nous organisons une soirée-débat à Clermont sur cette lutte en cours. Tout d’abord cette rencontre avec nos compagnons espagnols a été riche en discussion, fraternité et émotion. Plus d’une trentaine de compagnes-ons du syndicat CNT-AIT de Cornella sont venu-es écouter le récit, accompagné de diapos : « Nataïs : une lutte anarchosyndicaliste dans le Gers ». Discussion passionnante, avec questions de compañer@s pour alimenter le tout. Nous sentions toute l’importance que ces compagnons, pourtant étrangers à cette lutte, accordaient néanmoins à leurs sœurs et frères de la région France, leur voix trahissant l’émotion de la lutte apatride qu’est la nôtre. Nous ne pouvions que faire piètre figure, tant nos gesticulations en France semblaient celles d’enfants pour qui découvre la puissance historique et actuelle de l’anarchisme espagnol. Néanmoins nous ne sentions que mieux l’importance de notre combat, et la nécessité de l’organiser au mieux. Ainsi cette leçon d’humilité ne restera pas lettre morte pour qui nous connaît.

La discussion fut suivie d’un repas préparé par les compañer@s, et d’un concert organisé pour l’occasion, avec un groupe venu de Barcelone, le groupe Fractal, qui nous a même fait l’honneur de parler en français pour expliquer les morceaux !

Cela a été l’occasion pour nous de voir l’ampleur du mouvement anarchiste ibérique. En effet, par exemple, le local de la CNT-AIT de Cornella en 2 parties fait près de 500 m2 et dispose d’une superbe bibliothèque sociale, d’une salle polyvalente (sport, cantine, débat...) populaire. Notre cœur a été réchauffé par l’accueil et la force de nos compagnons qui luttent notamment contre la précarité rampante en Espagne et aident des «  colectivos  » (réappropriation d’appartements...). Nous ressortions de là les yeux perdus au loin, dans les étoiles, et des idées débordantes d’espoir dans nos esprits. De ce que nous faisions ressortaient mieux les défauts, mais aussi les points forts. Allons de l’avant, construisons l’anarchisme ! Pour Clermont-Ferrand, c’est un matériel neuf que nous sommes allés chercher.

Le samedi 4, nous somme allés à la manifestation (interdite) contre les tortures que subissent nos compagnons. En 2004, des prisonniers anarchistes ont été torturé-es à la prison Quatro Caminos en Catalogne, par des matons de l’UGT (=CFDT), des CCOO (=CGT) et d’un syndicat corpo (CATAC).

Pour la 1re fois depuis la mort de Franco, la question de la torture est posée publiquement. Plus de 1 000 anarchistes, majoritairement jeunes, ont défilé pendant près de 3 h depuis le local de l’UGT jusqu’à la prison de Barcelone en scandant des slogans tels que « Policía tortura y asesina » (La police torture et assassine), « Abajo los muros de las prisiones » (A bas les murs des prisons). De nombreuses banderoles et tags ont auréolé la manifestation. Des arrêts réguliers pour diffuser les tracts prendre la parole. Notons la prise de parole poignante d’un compagnon torturé par les matons  : « Je tiens à remercier toutes les personnes venues, d’un peu partout d’Espagne, ainsi que les anarchistes internationalistes français. J’ai été torturé par les syndicats de gauche. (Silence). Les syndicats de gauche sont le bras armé de l’État. » On en frissonnait.

Un dispositif policier (un gros contingent) avait été mis en place pour faire taire la contestation. Des frissons de fraternité se sont emparés de nous. L’ambiance est devenue plus électrique en fin de parcours avec des forces de l’ordre passablement excitées ! Le rassemblement s’est en effet terminé devant la prison de Barcelone, où ont été incarcéré-es, torturé-es... des centaines de compañer@s de la CNT-AIT ou autre, et ce sous Franco comme en «  démocratie ». Ce fut une manifestation où l’émotion était palpable, chaque instant pouvant basculer dans l’affrontement avec les forces d’État. Il y avait quelque chose de vibrant dans les airs, non seulement dans les cris des compagnes et compagnons, mais davantage encore dans les silences qui cachaient une haine pour les peines que les plaisirs de quelques uns font quotidiennement endurer à la majorité des autres. Car du travail aliéné tel que nous le subissons chaque jour, aux coups reçus par nos frères incarcérés il n’y a qu’un pas, celui de la révolte. Et non seulement celui de la révolte en tant qu’expression d’une haine indéfectible pour l’oppression, mais aussi comme projet d’une société émancipée que les coups de nos bourreaux ne peuvent effacer de nos consciences et de nos cœurs. (A noter que nos compagnons du Gers sont restés pour l’audience du procès des 9 matons le lundi 6).

Que l’on soit à Francfort où se tient un procès irrationnel de militants révolutionnaires sur des faits datant de près de 40 ans, à Barcelone avec nos compagnons anarchistes où quel que soit l’endroit, l’État et le capitalisme répriment, torturent... Et pendant ce temps-là, une nouvelle prison se construit à Riom...

Pierre par pierre, mur par mur, nous détruirons toutes les prisons.

La solidarité est une arme !

Solidarité Internationale !

Pour l’anarchosyndicalisme !

Lapoudre, Pitufo, le Pré-fAIT et
Lateigne, Union Locale CNT-AIT 63

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