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PÉNALISATION ou DÉPÉNALISATION ?

Publié le 23 juin 2013

TEMOIGNAGES

Cette série de témoignages vient en complément de l’article publié en pages 20 et 19 « Pénalisation et dépénalisation ».

L’interdiction du racolage se traduit par un harcèlement incessant des travailleuses du sexe. Si la loi prostituphobe qui sera examinée par le parlement cet automne devait passer, du harcèlement on passera à la persécution.

  • Témoignage du 14/06/2012 : « J’étais en voiture avec un ami durant la journée, nous allions nous rendre dans une association pour faire une demande d’aide médicale d’État pour moi. Les policiers nous ont arrêtés. J’ai refusé de décliner mon identité car je ne voyais pas pourquoi j’avais été arrêtée, et je n’en peux plus d’être interpellée à tout bout de champ. Mon ami a expliqué les faits, qu’il n’était pas client mais qu’il connaissait mon activité. Le policier a refusé de nous croire, était très agressif et a crié "salope ! salope !" à plusieurs reprises. J’ai été embarquée au poste où j’ai passé plus de douze heures sans me voir notifier de garde à vue. »
  • Témoignage du 14/06/2012, par l’ami en question : « Ils l’ont insultée car ils pensaient qu’elle ne comprenait pas le français. Les policiers m’ont enjoint de "foutre le camp" et ajouté "faut pas traîner avec ces filles, c’est un réseau mafieux" puis, devant mon insistance à rétablir la vérité, ils ont menacé d’appeler ma femme pour la convoquer au commissariat. Je leur ai dit qu’ils
    pouvaient le faire sans problème, ils ont alors laissé tomber… »
  • Témoignage du 26/06/12 : « J’ai été arrêtée un soir, emmenée au commissariat où j’ai passé toute la nuit en garde à vue, puis envoyée à Cité le matin, où je suis restée toute la journée, avant d’être relâchée en fin d’après-midi. J’ai de nouveau été arrêtée le soir même, et ai subi exactement la même chose, de nouveau. ».
  • Témoignage du 31/07/2012 : Le simple fait d’avoir des préservatifs dans son sac peut aussi conduire à une garde à vue, car la police l’interprète comme du racolage.
  • Témoignage du 28/08/2012 : Madame X raconte qu’elle subit des fouilles à chaque interpellation. Un policier a vérifié son soutien-gorge dans la rue.
  • Témoignage du 14/06/2012 : Madame X explique qu’elle a été menottée à sa chaise au commissariat.

D’autres témoignages semblent indiquer que le menottage est systématique durant les transferts vers le dépôt (témoignages 26/06/2012 et 28/08/2012).

Les gardes à vue sont longues, entre douze et vingt-quatre heures. Si l’arrestation survient avant 17h, les femmes sont souvent relâchées dans la soirée. Si elle survient plus tard, elles passent la nuit au poste car elles ne sont pas interrogées durant la nuit.

Arrivées au commissariat, les femmes subissent une fouille du sac et une fouille au corps (donc « intime »). Elles doivent toujours retirer leur soutien-gorge. Celui-ci leur sera rendu à la sortie et elles doivent le remettre dans la rue. La plupart des témoins ont fait état d’une longue attente pour avoir le droit d’aller uriner. Elles en sont parfois réduites à uriner dans la cellule car les policiers refusent ou ignorent la demande d’accès aux toilettes (Témoignages du 14/06/2012 et du 26/06/2012).

  •  Témoignage du 31/07/2012 : « Je suis terrifiée à l’idée de me rendre dans le 12e arrondissement [arrondissement où elle a déjà été arrêtée], même pour voir des amies ou faire des courses. ».

Ces témoignages sont tirés du rapport « Mission d’enquête : un harcèlement institutionnalisé. Les prostituées chinoises et le délit de racolage public », réalisé par la Commission citoyen-police-justice de la Ligue des droits de l’homme, du Syndicat de la magistrature et du Syndicat des avocats de France. Il ne porte que sur les prostituées chinoises à Paris. Il serait outrancièrement niais de penser qu’il n’en est pas de même pour des prostituées d’autres origines ou d’autres lieux, même si les femmes chinoises ont été plus spécifiquement ciblées par l’État pour être harcelées.

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