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NOTRE FEUILLETON « NATAIS » : TREIZIÈME ÉPISODE

Publié le 17 avril 2013

  L’ARROSEUR ARROSÉ

MICHAEL EHMANN, JÉRÔME & ELISE RETHORE
LES PATRONS DE NATAIS CONDAMNES !

Ah ! c’étaient pratiquement des criminelles, ces deux
ouvrières jugées en diffamation le 13 décembre 2012
par le Tribunal correctionnel d’Auch sur plainte de l’entreprise
Nataïs. Une plainte à laquelle se sont ajoutées, personnellement,
pour faire bon poids, celles de Michael
Ehman (Président directeur général) et des Rethoré (lui,
Jérôme, Directeur général, elle, Élise, Directrice des ressources
humaines) ! Elles en ont entendu, ce jour-là, des
accusations les pauvres ! Les plus incongrues (accusées
d’injure raciale !), les plus sanglantes (accusées du retour
des « piques sanglantes de 1793 » et de la guillotine pour les
patrons), les plus insensées (une sorte de comparaison avec
les crimes commis par Hitler contre les juifs [1]). Sans compter
les violentes attaques contre ce dangereux « syndicat
anarchiste » qui les soutient depuis le début… [2]

Long, dur combat pour ces smicardes, réduites au
chômage par un licenciement !

Guerre psychologique d’abord : d’un côté, sa
majesté « le roi du pop-corn » [3] comme aime à l’appeler la
presse patronale, un «  fringant quadragénaire, Michael Ehmann,
… [qui] respire la santé et l’assurance … deux qualités [qui] l’ont
sans doute aidé à hisser son entreprise au rang de leader européen
 »,
de l’autre de modestes salariées, plus âgées, usées par des
années de travail à la chaîne de jour comme de nuit. Mais
toujours dignes.

Guerre d’usure aussi avec des reports sans fin de
leur procès, auxquels elles étaient tenues de déférer alors
que leurs accusateurs pouvaient bien tranquillement ne pas
venir et ne s’en privaient pas : première comparution le 24
mai 2012, report à l’audience du 28 juin 2012, report à l’audience
du 20 septembre 2012, report à l’audience du 13
décembre 2012 (audience de jugement), annonce du verdict
pour le 28 février 2013, report du verdict à l’audience
du 14 mars 2013, report du verdict à l’audience du 28 mars
2013.

Guerre financière enfin avec, pour les unes, un
revenu d’environ 900 euros par mois contre un chiffre
d’affaire annuel de 30 000 000 d’euros (prévisionnel 2013)
pour le puissant chef d’entreprise, leader de sa catégorie.
Pour beaucoup, la cause était entendue. Ces femmes
étaient condamnées d’avance. C’était compter sans
leur détermination. Et sans celle du fameux petit « syndicat
anarchiste ». Jour après jour, nous avons démonté le
dossier d’accusation, montré son inanité. Nous avons
informé la population, expliqué, convaincu. Et jour après
jour, la solidarité a été plus forte. Oh, certes pas celle des
« syndicats » (CGT, CFDT, SUD, FO) ni des institutions de
gauche, aucun ne prit la peine de faire semblant de soutenir
les inculpées. Mais la solidarité populaire. La seule qui
compte d’ailleurs.

Presqu’un an de lutte donc et un jugement qui met
en pièces, logiquement, les prétentions des accusateurs [4].
Non seulement les deux ouvrières et le troisième inculpé
(un ancien cadre, qui avait traité la direction de « dictature
 ») sont relaxés, lavés de toutes les accusations, mais
encore les trois patrons ont été déboutés non sur la forme
mais sur le fond. Ils sont condamnés à des dommages intérêts.
C’est une première victoire, importante, amplement
méritée, dans ce feuilleton. Nous faisons tout le
nécessaire pour qu’elle soit suivie de quelques autres. Peut-être
la direction, qui se dit très « étonnée de la décision du tribunal
 » finira-t-elle par comprendre que son affirmation
« Nous avons une politique sociale très valorisante pour les salariés
 » [5] n’est pas partagée par tout le monde… Une dernière
chose : le directeur général annonce qu’il se réserve le
droit de faire appel. Nous l’encourageons vivement dans
cette voie… s’il ose.

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