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QUELQUES REFLEXIONS SUR DIEU ET LES RELIGIONS

Publié le 10 décembre 2012

Le retour du fait religieux repose la question de sa pertinence et
de sa nature. Le regain d’activité des religions, l’indulgence
des autorités vis-à-vis du religieux, ainsi que de récents événements
très médiatisés, conduisent, évidemment, à réfléchir sur le
sujet. Il suffit de voir l’audience accordée aux religieux par les parlementaires
au sujet du mariage entre personnes de même sexe
pour comprendre que leur retour dans la sphère publique est programmé.
Ils étaient invités par la commission des lois pour donner
leur avis sur la question. Quid, donc, de la séparation de
l’Église et de l’État ? Clairement, une fable en perte de vitesse.

Il n’est pas possible d’effectuer une
critique appropriée des religions sans
considérer celles-ci pour ce qu’elles sont,
et sans aborder leur raison d’être qui en
est l’élément central, et qui les justifie :
l’existence de dieu, la soumission à dieu.

En tant qu’athée, j’ai tendance à
répondre que dieu n’existe pas. Mais,
c’est un piège que de nier ce qui n’existe
pas ; c’est un non-sens puisque c’est,
implicitement, reconnaître l’existence de
ce que je réfute. Cette réponse est,
d’ailleurs, relativement, simpliste, il faut
le reconnaître. Après réflexion, il me
paraît opportun de dire, surtout, en tant
qu’athée, mais, plus encore comme militant
libertaire, que "dieu existe bel et
bien"… mais tel que je l’expose par la
suite. Cette réponse peut sembler saugrenue,
au premier abord, mais elle est,
pourtant, logique.

La religion est un problème parce
qu’elle constitue un véritable danger
pour la liberté de la conscience. Comme
pour tout problème, l’important est de
poser la question de façon objective.
Vis-à-vis de la religion, il faut, donc,
aborder l’interrogation de l’existence de
dieu, non d’un point de vue religieux,
mais d’un point de vue extérieur à la religion.

En effet, aborder la religion du
point de vue du croyant pose le dilemme
en termes de croyance, donc, de manière
particulièrement subjective, voire prosélyte.
Plutôt que de ramener dieu à une
simple croyance, comme le font souvent
les pieux dévots et autres colporteurs
intéressés, il faut, de préférence, penser
dieu, et le penser objectivement en toute
liberté de conscience.

Pourquoi les religieux craignent-ils
plus la critique que leur dieu ?
Parce que, comme une chose bien
pensée ne souffre d’aucune ambiguïté, le
raisonnement doit nous amener à des
conclusions claires et sans équivoque.

Dieu n’existe pas, indépendamment, du
fait qu’il soit nommé, car comme bien
des choses (fantômes, surnaturel, esprits
« malins », etc.), dieu est un concept sans
réalité physique puisque ni vérifiable ni
palpable. Il demeure, donc, une idée,
mais une idée qui a, déjà, rappelons-le,
amené, et continue d’amener, bon nombre
de personnes à "l’abattoir".

En effet, combien sont morts ou ont
tué au nom de dieu, ou sous son illusoire
protection ? Dès l’instant où l’on
considère dieu pour ce qu’il est, c’est-àdire
pour une simple idée, il n’est plus
possible de nier cette idée en tant qu’idée,
mais il devient possible d’en faire
une saine critique.

D’un autre côté, ce qui, en outre, est
clair, c’est que les idées sont le propre de
l’être humain, et de sa capacité à imaginer
et à créer. Ici, on peut dire que
l’Homme a imaginé dieu, il l’a créé.
L’Homme a créé dieu, à son image, car
c’est : Son idée. Cela permet de remettre
en cause, non seulement, le dogme, mais
la foi qui ronge chaque croyant et qui
constitue le principal argument.
De cette idée découle toute une
idéologie. L’idée de dieu implique pour
les croyants que les choses sont ce qu’elles
sont parce que dieu l’a voulu comme
ça. En partant de cette idée-là, il deviendrait
inutile, et même criminel, de ne pas
respecter l’ordre établi (par dieu). C’est le
principe d’autorité que le concept de
dieu vient enfoncer et fixer dans l’esprit
humain. Il légitime les inégalités. De fait,
il crée une inégalité du savoir, de la
connaissance, et, donc, de la culture.
Cela s’explique par l’essence même des
religions qui consiste, depuis leur création,
à exploiter l’ignorance des populations,
et la crainte qui en résulte, à des
fins de pouvoir. De ce fait, elles cultivent
la culpabilité, la culpabilisation, et l’élèvent
au niveau d’une vertu.

La religion porte, donc, avec elle, un
projet politique fondé sur une soumission
de principe à dieu, donc, à l’ordre
établi. Ce principe étant incontestable et
non critiquable par les croyants, sa remise
en cause est jugée blasphématoire,
voire acte de profanation, et, donc,
condamnable. Et, c’est bien une négation
de la liberté de critique, autrement
dit de la liberté d’expression, qui est, là,
posée de fait.

Certains discours persistent, pourtant,
à dire que la religion est bonne car
elle comporte une "vraie morale", qu’elle
est un refuge pour beaucoup de personnes
égarées.

Pour ce qui est de la morale, il est aisé
de comprendre qu’elle découle de l’idéologie
précitée. Elle est, plus exactement,
un ordre moral qui ne grandit pas
l’Homme, mais qui lui aliène sa conscience,
sa capacité à concevoir autre
chose que ce qui est permis par les
ministres de la foi. De cet ordre découle
une morale qui ne suggère aucun projet
d’aucune sorte ; elle ne le permet tout
simplement pas, et elle fige celui qui a
été conçu, et pensé sans ambiguïté aucune,
pour lui.

Le refuge que la religion constituerait
pour beaucoup de personnes, révèle la
réalité du projet religieux qui consiste à
déposséder tout un chacun de son initiative
en le mettant dans une situation
d’attente, et d’une redevable dépendance
coupable.

Pourtant, l’évolution de la vie se
caractérise, depuis son apparition sur
terre, par une capacité d’auto-organisation
et aboutit chez l’Homme à cette
faculté de concevoir d’une manière
consciente ce qui est le plus adéquat
pour lui.

La religion lui nie cette capacité, et
nie, par conséquent, à l’Homme sa capacité
à en faire usage.

Mohamed

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