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Maintenant, Ils veulent "entrer dans le dur"

Publié le 16 novembre 2011

Nous y sommes, c’est vraiment le début de la crise. Depuis plusieurs mois les « personnalités » politiques et les médias nous préparent psychologiquement à l’idée que nous allons en baver, que nous devons en baver. Quoique nous fassions. De façon inéluctable et absolue. Tout le monde est au courant : il va falloir se serrer la ceinture.

Si les symptômes sont apparus depuis plusieurs mois en Grèce, au Portugal, en Italie et en Espagne, la fin du mois d’octobre nous annonce l’arrivée du mal en France. Disons que, s’il n’avait été question jusqu’à présent que de quelques toussotements, cette fois, c’est la fièvre ! Les français, qui pendant que les Grecs se démenaient (et se démènent encore) pour s’opposer à cette immense régression, ont appliqué la technique de l’autruche, la tête bien enfoncée dans le sable syndical, en espérant ainsi passer entre les mailles du filet s’en mordront les doigts : peu ou prou, c’est à la sauce grecque qu’ils vont être mangés.

Déjà, les quelques économies « en cas de coup dur » (pour ceux qui avaient pu en faire) ont été érodées par les mois qui viennent de s’écouler, et les mesures qui se profilent ne vont faire que nous plonger plus avant dans la misère [1].

Alors que les salaires, les revenus sociaux sont stables ou progressent à des taux ridicules (quand ils ne sont pas rognés), nous avons été soumis à des hausses des prix qui donnent le vertige. En moins de 10 ans, les loyers sont devenus prohibitifs  : 45 à 65 % de hausse ! Pour ce qui est du gaz, l’augmentation n’a pas été moins fabuleuse  : 60 % en six ans. Rien qu’en un an, la hausse du carburant peut atteindre 20 % et celle de l’électricité de 7 %.
Attaqués de tous les côtés par la flambée spéculative des prix qui n’est pas près de cesser, nous allons l’être plus encore par la hausse des taxes (qui, « inévitablement » vont se répercuter sur les prix – le cercle vicieux est en marche)

Déjà, quatre millions d’habitants doivent se passer de mutuelle : trop chère. Difficile en effet de dégager les 50 euros*2 par mois que cela coûte en moyenne quand on tourne mensuellement a à peine plus de 1 000 euros.

Résultat, en cas de maladie, un reste à payer de sa poche qui peut vite devenir exorbitant. Résultat du résultat : en cas de maladie, les personnes avec une couverture partielle hésitent à consulter, différent les soins… et compromettent plus ou moins rapidement leur santé. Comme si cela n’était pas assez, le gouvernement se propose de taxer encore plus les mutuelles. La hausse des tarifs qui s’en suivra sera de 11 à 12 % ce qui veut dire qu’un nombre encore plus grand d’habitants devront, bien obligés, se passer de mutuelle. Pour compléter le tout, il y aura inéluctablement de nouveaux médicaments qui seront déremboursés (qui seront donc totalement à la charge des malades) et les arrêts maladie font l’objet d’une attaque frontale afin d’allonger la période de carence (les jours qui ne sont pas payés par la sécurité sociale) et de diminuer le taux d’indemnisation. Être malade n’a jamais été un plaisir, c’est en train de devenir un luxe.

Manger aussi, va devenir un luxe pour une part croissante de la population. Comme le dit avec pétulance la déléguée générale adjointe de l’UMP, toutes les mesures de restriction prises précédemment (qu’on a du mal à énumérer tant il y en a [2]) ne suffisent pas. Cette « voix des patrons » lance sans complexe : « … il va falloir aller plus loin… on va entrer dans le dur ». Et, entrer dans le dur, c’est ne pas attendre qu’on tombe malade ou que l’on ait un achat exceptionnel à faire pour nous ponctionner. C’est nous plumer au quotidien, en nous faisant payer plus cher ce qui nous est le plus indispensable : la bouffe. Les hautes sphères gouvernementales s’agitent pour trouver le «  truc  » technique qui le permettra. Faute d’oser encore rétablir la gabelle [3], c’est vers une hausse de la TVA que les têtes d’œuf ministérielles s’orientent. Actuellement, les produits de base sont taxés à 5,5 %, ce qui est déjà beaucoup (les autres produits le sont à 19,6%). Ce qu’ils nous concoctent, c’est une taxe «  intermédiaire » (donc plus élevée que 5,5 %) qui frapperait une partie au moins de l’alimentaire. La TVA, les impôts indirects sont la plus injustes des taxations : alors que les niches fiscales protègent les nantis, la TVA se paye dès le premier centime. Le Smicard, le retraité, l’étudiant la payent. Le SDF aussi. Ils payent autant que les riches. Plus même que les riches, si l’on tient compte de la réalité, c’est-à-dire si l’on calcule proportionnellement aux revenus.

N’oublions pas d’ajouter à cela la «  ponction directe ». Les amendes pleuvent. L’État et les Mairies deviennent d’une efficacité redoutable pour verbaliser des infractions qui existaient déjà (plus 110 % pour les feux rouges entre 2009 et 2010, plus 13 % pour les stationnements) et pour en créer d’autres (en cours ou en perspective : cracher par terre, faire tomber un papier, laisser jouer ses enfants dans la rue,…). Derrière de beaux prétextes (la « sécurité », la « propreté »…) c’est en fait un véritable racket, scientifiquement organisé.

S’il est sûr que le patronat et l’État ont prévu de nous infliger ces mesures de restrictions et d’autres encore, trois autres choses sont également sûres : le résultat des prochaines élections présidentielles n’y changera rien (il suffit de voir, pour s’en convaincre la couleur politique des gouvernements qui font, dans les autres pays européens, la même chose qu’en France), les syndicats ne feront rien contre, quoiqu’ils fassent semblant d’en dire (et pour cause : ils sont un des principaux rouages du système, chargés de nous faire avaler la pilule). La troisième chose dont on peut être sûr, c’est que pour stopper ce processus assassin, les exploités ne doivent compter que sur eux-mêmes. Les frémissements d’auto-organisation qui se font jour dans le monde montrent que c’est possible, à condition de le vouloir.

Pablo_

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