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OSLO, UTØYA, 2-07-2011 : CRIMES FASCISTES EN NORVÈGE

Publié le 26 septembre 2011

Tandis que la police norvégienne concentrait tous ces efforts à la surveillance des « Islamistes radicaux », la violence, à très grande échelle, a surgi dans ce pays là où cette même police refusait de la voir se préparer  : à l’extrême-droite.

La crise du capitalisme est en Norvège comme ailleurs, à la source de cette montée fasciste. Comme partout, le gouvernement mène des programmes d’austérité, devient chaque jour plus répressif,… tandis que les destructions d’emploi se succèdent. Pour donner une tonalité sur la ligne politique du gouvernement Rouge-Vert au pouvoir à Oslo, disons que son dernier exploit est de diminuer les retraites des travailleurs du privé (cela avec le soutien de la centrale syndicale hégémonique du pays, la LO, social démocrate). Ajoutons qu’il n’a pas hésité non plus à déporter, rien que pour 2010, 4 615 demandeurs d’asile et qu’il continue cette politique déplorable.

Dans ce contexte réactionnaire auquel le gouvernement de gauche et écologiste participe largement, des organisations se structurent pour propager des thèses lamentables. Ainsi, malgré son nom anodin, l’Association des Employés, est une machine de guerre qui, pour dédouaner la bourgeoisie de ses responsabilités a trouvé les responsables : les immigrés (classique), les personnes qui sont obligées d’avoir recours aux aides sociales (classique aussi) mais aussi les retraités (nouveau). Voila les coupables. Voilà ceux qui mettent en danger le modèle social norvégien. Belle découverte  : si tous les pauvres cessaient de demander de l’aide, si les retraités cessaient de percevoir leurs retraites, les comptes sociaux seraient effectivement positifs (enfin, pour un temps, le temps que la rapacité capitaliste trouve une technique pour les pomper). Mais, plutôt que de propager cette lapalissade stupide, il faudrait se demander pourquoi il y a de plus en plus de pauvres : qui détruit les emplois, qui augmente les prix, les loyers, qui joue en bourse,… toutes questions auxquelles l’Association des Employés et autres officines de propagande du genre évitent prudemment. Toute cette propagande a permis au Parti du Progrès (un parti qui, si on voulait trouver l’équivalent en France, correspondrait au produit de la copulation du FN et de l’UMP) est devenu le second parti du pays avec 41 élus au parlement, aux dernières élections de 2009. Behring Breivik, l’auteur des meurtres d’Oslo et de Utøya a été membre de ce Parti. Ce n’est pas une simple coïncidence. Cet individu, que l’on dit franc-maçon, est originaire des quartiers Ouest d’Oslo, ceux des classes bourgeoises. Peu de temps avant de commettre les terribles crimes que l’on sait, il avait publié un manifeste. Son contenu est représentatif d’un ensemble de sites qui, sous prétexte de défendre leur « culture » et, tout en se proclamant souvent antiracistes, antifascistes, anti-totalitaires (histoire de rallier à eux des gogos qui, autrement, seraient effrayés), mènent une vaste campagne qui fait écho à la propagande fasciste la plus éhontée des années trente.

Bien sûr, ils mettent d’abord et avant tout en avant leur « identité », leurs « racines », leur « culture ». Qu’elles se revendiquent nationales, européenne, régionales… peu importe  : c’est toujours là que se trouve leur base de départ. Une fois affichée « l’identité », viennent tous les vieux clichés fascistes. Certes, les « Juifs » peuvent être remplacés par les «  Musulmans » comme l’ennemi à expulser d’Europe ou à détruire. Mais on retrouve, contre les uns ou les autres, les mêmes vieux mensonges. Le plus souvent, ce délire tourne autour de la théorie du complot : « ils » (les Juifs, les Arabes, au choix) ont préparé un complot pour détruire notre beau pays, notre belle région, notre belle Europe. Contre les « Juifs », « Le Protocoles des Sages de Sion » circule encore. Les Nazis en avaient fait la « preuve » de leur argumentation, ils le faisaient étudier dans les écoles. On sait –depuis fort longtemps- que ce protocole n’a été écrit ni par des sages ni à Sion, mais, en 1903 par des russes antisémites. C’est un faux grotesque. De même, contre les « Arabes », les fachos dénoncent le « Complot d’Eurabia », un supposé protocole, qui daterait des années 1970 par lequel les pays arabes et les États européens sont supposés avoir passé un accord dans lequel les Européens doivent permettre aux «  Musulmans » d’ « envahir » l’Europe… la crédulité et la sottise n’ont pas de limites.

Loin d’être l’acte d’un déséquilibré, les crimes de Behring Breivik se situent clairement dans cette mouvance complotiste et fasciste. Les 8 personnes qu’il a assassinées à Oslo, les 69 cadavres (pour la plupart des enfants et des jeunes de 14 à 22 ans) qu’il a laissés derrière lui à Utøya constituent la plus grosse attaque depuis la Seconde Guerre Mondiale, lorsque les Nazis occupaient la Norvège. C’est là le résultat de la fascisation des esprits, une conséquence directe de l’avidité capitaliste et de la politique étatique.

Ces jours-ci, la chanson « To the Youth » (« Aux jeunes ») est chantée à travers toute la Norvège. C’est très bien. Mais les médias se gardent bien de donner les origines de cette chanson, composée pour lutter contre les fascistes il y a 75 ans, en 1936, une année où, en Espagne, le profond travail social des anarchosyndicalistes réussissait à dresser pendant près de trois ans le rempart de la Révolution sociale contre le « pronunciamento » fasciste. Un exemple à méditer : pour se débarrasser du fascisme une fois pour toutes, il faut se débarrasser du système qui l’engendre : le capitalisme. Et pour se débarrasser du capitalisme, il faut enraciner les concepts et les pratiques libertaires et anarchosyndicalistes parmi tous les exploités.

(Rédaction - D’après une déclaration de la NSF, Section norvégienne de l’AIT, 2 août 2011)

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