La CNT-AIT ?

Publié le 24 janvier 2011

L’anarchosyndicalisme est antiétatique car la fonction de l’État est de maintenir la domination d’une classe sociale sur une autre classe, actuellement celle des nantis (bourgeois, capitalistes, rentiers, patrons, bureaucrates et technocrates…) sur la classe des exploités ; a contrario, les zélateurs de l’État pensent qu’il est la garantie suprême de l’intérêt général, il serait même indépassable.

L’État est par nature coercitif et dispose d’appareils répressifs (justice, police, armée) et idéologiques (partis politiques, syndicats réformistes, médias, école, organismes culturels et sportifs…), tous ces appareils nous encadrent du berceau à la tombe : « la vie est un enjeu politique » (biopolitique). L’État est devenu hypertrophié et n’a guère besoin pour le moment de recourir à une violence physique massive, vu la soumission à son ordre.

L’anarchosyndicalisme est anti-parlementariste (Sénat, Assemblée Nationale, collectivités territoriales, comités d’entreprises et autres organismes) et prétend que le fondement d’une véritable démocratie ne saurait être ni la délégation de pouvoir, ni l’artifice du vote majoritaire. D’autre part, le parlementarisme et sa machinerie institutionnelle sont également le lieu de la collaboration de classe : être soi-disant un partenaire du dialogue social auprès des nantis. Cette machinerie institutionnelle possède la capacité de se détacher et de s’autonomiser du reste de la société, en se pérennisant par un recrutement dans les hautes écoles, contribuant par là même au népotisme — cette machinerie institutionnelle glorifie la domination avec l’alibi de sa légitimité.

L’anarchosyndicalisme est anticapitaliste. Dans le mode de production capitaliste, nous sommes réduits à l’état de marchandise et subissons l’exploitation : nous sommes obligés de vendre notre force de travail pour assurer la satisfaction de nos besoins fondamentaux. En effet, les capitalistes, détenant les moyens de production, tirent de notre travail (non rémunéré ou « surtravail ») la plus-value, dont la finalité est de valoriser le capital et d’accroître le profit, le capital s’accumulant toujours au détriment de la classe des exploités : la contrepartie est chômage, précarité, maladies, misère, famine, guerre, désastres économiques… Certes, les capitalistes octroient des miettes pour que nous nous abrutissions dans le divertissement (le spectacle, si l’on préfère) et l’opium de la consommation à crédit (soupape ayant permis de maintenir le système jusqu’à ce jour).

L’anarchosyndicalisme vise l’abolition de l’État, du parlementarisme et du capitalisme pour leur substituer une société des égaux où le triomphe du « communisme libre » (rien à voir avec le fascisme rouge de l’URSS et son capitalisme d’État). Au nom de la justice sociale, le communisme libre repose sur cette théorie de la répartition égalitaire de toutes les richesses produites pour les besoins de la communauté, dans le cadre d’une démocratie directe.

L’anarchosyndicalisme défend la mise en place des « conseils », dont l’idée émane de la Première Internationale notamment de son aile bakouniniste (et fut mise en pratique pendant le soulèvement parisien de 1871) : ils seraient les organes d’une fédération des communes libres et autonomes à une échelle mondiale. Par conséquent, l’anarchosyndicalisme rejette toutes les frontières politiques et nationales arbitrairement fixées des États-nations : il affirme l’universalisme libertaire.

L’anarchosyndicalisme se défie des luttes de libération nationale et régionale, n’y voyant que le champ clos des rivalités entre les nantis qui s’affrontent pour assurer l’expansion de leurs privilèges respectifs. Les nationalismes ne font qu’illustrer les contradictions dans lesquelles sont confrontés les nantis. En même temps, nationalisme et régionalisme servent d’arme pour annihiler la conscience des intérêts de classe des exploités et des opprimés. Pour ce faire, l’anarchosyndicalisme promeut au quotidien l’action directe : c’est-à-dire agir par et pour soi-même, « sans Dieu, ni Maître  ». L’action directe est donc l’acquisition d’une éducation pour acquérir son autonomie. L’action directe forge une trempe d’hommes et de femmes sachant défendre leurs intérêts de classe. Ces hommes et ces femmes structurent « la résistance populaire autonome  », comme phase dynamique d’une grève générale pouvant établir le communisme libre.

«  Nous allons recevoir le monde en héritage. La bourgeoisie peut bien faire sauter et démolir son monde à elle avant de quitter la scène de l’histoire. Nous portons un monde nouveau dans nos cœurs.  » Buenaventura Durruti

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