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C’est quoi être Français ?

Publié le 17 janvier 2010

Ma patrie c’est le monde, ma famille l’humanité !

Comme si nos dirigeants ne nous déversaient pas d’habitude suffisamment de mensonges et d’inepties, voilà qu’ils nous sortent du chapeau un sujet propice à toutes les élucubrations et même porteur de guerre : celui de l’identité nationale.

Le « Ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire » (ouf) bat la grosse caisse autour de cette angoissante question : « Qu’est-ce qu’être Français ». Remarquons tout d’abord que, quand on s’intitule « Ministère de l’identité nationale », c’est qu’on doit bien avoir une petite idée sur le sujet (et même une arrière pensée...).

Soulignons ensuite que, si le sujet est filandreux, l’objectif à court terme de l’opération est évident : la droite présidentielle, en attisant le nationalisme « français » espère ramener à elle aux prochaines élections les voix du FN et des gros réacs.

En même temps, les pouvoir publics locaux subventionnent grassement (en ces temps pourtant réputés de vaches maigres), sous l’œil d’une bureaucratie bruxelloise complice, toutes les initiatives susceptibles d’attiser le nationalisme dans sa version régionale. L’objectif immédiat est identique au précédent : il s’agit de tenter de ramasser des voix. Si pour l’électeur genre « Pêche, chasse et tradition » le choix peut se révéler cornélien, ballotté qu’il va être en son amour du lepenisme national et celui de la choucroute (ou du cassoulet) du cru ; un tantinet de réflexion montre que l’un (le régionalisme) n’est pas l’opposé de l’autre (le nationalisme) mais simplement son reflet en miroir déformant qui rendrait simplement tout plus petit, plus étroit, et encore plus mesquin si cela était possible.

Bref, c’est toujours « d’identité » qu’il s’agit, et, pour tous les pouvoirs, nous faire avaler la pilule identitaire est un combat essentiel. A Toulouse, par exemple, le dernier coup de force (sans débat public préalable, paraît que c’est ça la démocratie) a été d’imposer le patois dans les annonces du métro. Que ne ferait-on pas pour satisfaire un petit lobby (qui sinon « irait à droite », comme il l’a fait dans l’histoire, Vichy n’est pas si loin...) et espérer engranger quelques misérables voix de plus... ? [1]

Quant au résultat essentiel de toute cette propagande, il est commun aux deux protagonistes et parfaitement évident : diviser pour mieux régner. Diviser la population entre « les vrais Français » et les autres (nécessairement « faux » dans cette dialectique), diviser tout autant les habitants entre ceux dont les grand-parents parlaient patois et qui seraient donc de « chez nous » et ceux qui ont pour langue maternelle le français, ou qui on appris le français quand leur langue maternelle était l’arabe, le roumain, le turc, le portugais ou le vietnamien. A tous ceux là, les politiques régionalistes signifient qu’ils sont des sujets méprisables et de second rang. Quelle plus grande marque de mépris en effet que de s’adresser à quelqu’un, sciemment, dans une langue qu’il ne connaît pas alors qu’on peut lui parler dans une langue qu’il connaît (et qu’il a appris parfois en faisant beaucoup d’efforts) ?

Ajoutons que ces nationo-régionalismes reposent sur des présupposés culturels, historiques ou autres parfaitement inexacts. Ainsi, pour ne donner qu’un exemple, qui sera développé dans les pages suivantes, la notion de « Nation », à la base même du nationalisme, n’a, si l’on se réfère à l’histoire de France, rien à voir avec ce qu’on nous présente maintenant sous le même nom. Un simple détail, sûrement, comme dirait un nationaliste bien connu...

Face à tous ceux qui développent leurs particularismes, leurs communautarismes, leurs nationalismes, leurs régionalismes, face à tous « les imbéciles heureux qui sont nés quelque part » comme le chantait si bien Georges Brassens, nous répondrons, comme le fit Federica Montseny, au cours de ce qui fut le plus grand rassemblement de l’histoire de l’anarchisme et probablement le plus grand meeting qui eut lieu dans toute l’Espagne après la mort de Franco, à Barcelone, en langue espagnole (et non en catalan, qu’elle maîtrisait parfaitement et parlait dans son intimité) [2] : « Ma patrie, c’est le monde ; ma famille, l’humanité », et ma classe sociale, celle des exploités.

B.

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