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Taïaut pour l’opération Taïga

Publié le 14 février 2009

Dix personnes ont été interpellées mardi 11 novembre au petit matin à Tarnac (en Corrèze), à Paris, à Rouen et à Baccarat lors d’une opération baptisée, avec l’humour qui caractérise les forces de police, "Taïga". Pas moins de 150 flics en armes avaient été mobilisés, sans compter les innombrables flics de la plume et du micro. Il leur est reproché d’appartenir à "l’ultra-gauche tendance anarcho-autonome" - ouf - et d’être lié à une série de cinq sabotages assimilés à du terrorisme. Des sabotages terroristes ? Bigre ! En fait, pour tout terrorisme, il leur est reproché d’avoir (éventuellement et encore, sous toutes réserves) rompu des caténaires SNCF - on tremble, en effet !

Bref, beaucoup de bruit - car les trompettes médiatique non pas lésiné - pour pas grand chose ... ou plutôt, dans un but aussi immonde que précis : terroriser le "français moyen". Faute d’avoir des explosions à se mettre sous la dent, les spécialiste en communication du pouvoir ont pensé qu’il suffirait pour terroriser ces pauvres d’esprit que nous sommes sensés être, d’une bonne brochette de mots... explosifs. Sur ce plan, le pouvoir n’y est pas allé de main morte : ultra-gauche, anarcho, autonome... tout l’arsenal verbal y est passé.

Disons tout de suite que l’objectif majeur de cette guignolade policière a échoué lamentablement. D’abord, parce que la supposée gravité d’une "destruction de caténaire" fait rigoler "le français moyen" ... habitué qu’il est aux suppressions de trains (pour cause de "non rentabilité"), aux retards (par cause de manque de personnel) et aux ruptures de caténaire (du fait de l’entretien insuffisant du réseau). Ensuite, parce qu’en ces temps de "destructions massives d’emplois" et d’escroqueries tout aussi massives, le bon peuple commence à penser que les vrais "terroristes" sont ailleurs qu’au bord des voies ferrées à regarder passer les trains. Malgré une "justice" qui s’ingénie à forcer aux "aveux" par tous les moyens (garde à vue, détention, réveils réitérés des prisonniers en pleine nuit pour les faire craquer, fouilles à corps à répétition...), le dossier est creux... et les faits étant sans gravité, l’opération "Taïga" est en train de sombrer dans le ridicule d’un mémorable "Taïaut" politique.

Si personne n’a été surpris des réactions du Sarkozy et des journaleux qui ont immédiatement reproduit les théories abracadabrantesques de la police sans aucune enquête complémentaire ni le moindre esprit critique, force est de constater que l’extrême gauche en quête d’honorabilité s’est surpassée. Déjà, les syndicats des cheminots se sont trop abondamment réjouis d’être si vite mis hors de cause. Mais la palme revient à SUD et à la LCR. Le leader de cette dernière, le fringant Olivier, s’est empressé de condamner des actes de sabotage qui ne "sont pas et ne seront jamais" ceux de la LCR. Plus "radical" encore Sud-Rail, a dénoncé les "actes terroristes" reprochés aux gens de Tarnac (et d’ailleurs) en mettant en garde "ceux qui frisent la diffamation en voulant confondre terrorisme et action syndicale". Depuis, les uns et les autres ont constaté que l’opinion publique était moins sotte qu’ils ne le présumaient... aussi, trotskystes, Sudistes, journalistes et autres collaborateurs du système rament pour "réajuster" leur discours à cette opinion.... Après la guignolade policière, la pantalonnade politique, l’année commence bien ! On n’a pas fini de rigoler.

Samedi 29 novembre 2008, devant le monument de la Résistance (Toulouse), à l’appel de la CNT-AIT nous étions quelques 70 personnes réunies pour marquer notre soutien aux embastillés dans l’affaire dite de Tarnac. Nos banderoles de solidarité accrochées au monument, un militant de la CNT-AIT a lu une déclaration pour dénoncer la répression. Malgré la pluie battante, une discussion a eu lieu, sur place autour des thermos de café.

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