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LA DELATION SOCIALE AU QUOTIDIEN

Publié le 13 novembre 2008

L’histoire n’est pas banale mais courante. P. travaille comme jardinier chez des particuliers du 78, travail précaire avec toutes les galères des chèques emploi services (Cesu) : travail pénible et usant, revenus très bas et insuffisants. Travailler en chèque emploi services ne lui permet pas de vivre décemment, les frais d’essence, de matériel viennent s’ajouter au bas niveau de rémunération dans lequel les particuliers maintiennent leurs "petit personnel".

Quand on est jardinier, on doit apporter son matériel (débroussailleuse, sécateur, tondeuse, taille-haie...), les outils coûtent cher à l’achat et en entretien. P. a donc ces dernières années sollicité la société Sthil, fabricant de matériel, qui lui a fourni gratuitement, en 2002, 2004 et 2006, quelques outils importants afin de l’aider dans son travail.

En juillet, la débroussailleuse de P. tombe en panne et ne peut être réparée. En pleine saison de travail, c’est un incident important et P. ne peut en acheter une neuve, il n’a pas les moyens. Il se tourne alors vers la société Sthil avec qui il a toujours eu de bons contacts et demande par téléphone s’il est possible que celle-ci lui procure une débroussailleuse. On lui répond que oui.

Mais quelques jours plus tard il reçoit un courrier du directeur Marketing et Technique de la société Sthil qui lui dit avoir contacté le service d’action sociale de la Mairie d’Aubergenville où habite P., que ceux-ci lui ont précisé que P. "ne faisait aucun effort pour sortir de la précarité, qu’il refusait tout accompagnement vers l’emploi" (vous noterez que P. travaille depuis de nombreuses années et que sa famille composée de 4 personnes vit de ce travail). Fort du témoignage accablant mais mensonger, la société Sthil refuse alors de fournir le matériel et P. se retrouve dans l’incapacité d’effectuer son travail correctement.

Dans son courrier, que nous ne reproduisons pas ici par souci de confidentialité, le directeur Mar-keting et technique de Sthil, précise qu’il aidera P. si celui-ci accepte de suivre les directives d’insertion de la Mairie d’Aubergenville.

Plusieurs remarques importantes concernant cette affaire :
Comment se fait-il que la Mairie d’Aubergenville communique des informations (qui plus est, erronées et fausses) à une société sur l’un des habitants de la commune ? Les services communaux et sociaux sont tenus à la plus stricte confidentialité. De quel droit les services de la mairie d’Aubergenville émettent-ils un jugement sur l’activité professionnelle de P. ?

Dans son courrier, la société Sthil met en avant que P. se ferait rémunérer parfois en espèces et qu’il est en marge de la société. Ses propos diffamatoires sont reportés suite à l’entretien téléphonique de Sthil avec les services d’action sociale de la mairie. Ces accusations du service social de la mairie sont graves et mettent en cause l’honnêteté de P.. Il y a eu manifestement volonté des services sociaux de la mairie de diffuser les accusations sur P. auprès de la société Sthil.

A ce jour, P. a écrit à Sthil et à la mairie pour dénoncer ces façons de faire et demander réparation du préjudice moral et matériel subi. A ce jour il n’a eu aucune réponse.
En 2007, les députés français ont adopté le texte sur la Loi sur la Prévention de la Délinquance. Cette loi a officialisé le contrôle social des personnes par les services des mairies : les acteurs sociaux partagent leurs informations (auparavant soumises au secret professionnel) avec le Maire, ce qui est une atteinte à nos libertés. A Aubergenville le partage des informations se fait donc même avec les entreprises... !

Ne laissons pas les services sociaux collecter et diffuser des informations sur nos vies.

Le Syndicat Interco Paris Nord de la CNT-AIT appelle à soutenir P. et à relayer cet appel : écrivez à la boite mail : yvelinesenluttes( a)gmail.com
Si vous avez du matériel que vous n’utilisez pas ou que vous connaissez un moyen de dépanner P., merci de nous écrire, nous ferons suivre.
http://www.yvelines-en-luttes.info/

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