Accueil > Luttes > Divers > LE PRIX DE LA TRAHISON

LE PRIX DE LA TRAHISON

Publié le 25 mars 2008

L’affaire GAUTIER SAUVAGNAC, qui a éclaté en septembre 2007, vient apporter un éclairage cruel sur ces pratiques patrono-syndicales.

Mais, tout d’abord, qui est, au moment ou le scandale éclate, le citoyen GAUTIER SAUVAGNAC ?

C’est d’abord un collaborateur de l’Etat, un membre éminent du "Conseil économique et social" de la République où il représente le MEDEF et donc l’ensemble du patronat.

C’est surtout le Délégué général des patrons de la métallurgie, la puissante UIMM. C’est lui qui représente, depuis longtemps, les patrons de ce secteur à toutes les négociations avec les syndicats. Et ce n’est pas rien : l’UIMM s’est distinguée pendant des décennies, par la brutalité de ses licenciements et par les énormes profits empochés par ses dirigeants.

Et qu’a-t-on appris en septembre 2007 ? Qu’une somme prodigieuse (au total 19 millions d’euros) avait disparu de la caisse de l’UIMM sans laisser de trace comptable et que ces 19 millions avaient transité entre les mains du dit GAUTIER SAUVAGNAC.

S’agit-il d’une "simple" histoire d’escroquerie, de détournement de fonds pour un enrichissement personnel, comme les puissants en commettent chaque jour ? Pas du tout. La réalité est bien plus sordide.

Après avoir laissé poursuivre son Délégué général pour "abus de confiance" (ce qui était le minimum, devant un tel trou), l’UIMM, par la voix de son nouveau patron, FREDERIC SAINT-GEOURS, a d’abord annoncé officiellement qu’elle abandonnait toute poursuite et qu’en plus elle prendrait à sa charge les "éventuelles conséquences fiscales" des sommes évaporées. On ne saurait être plus aimable.

L’UIMM vient maintenant d’annoncer qu’elle attribuait à GAUTIER SAUVAGNAC, à titre de prime de départ, un million et demi d’euros. Voici donc un dirigeant qui se voit remercier par l’attribution d’une véritable fortune, et cela alors qu’il laisse un trou aussi énorme qu’inexpliqué.

Inexpliqué ?

Certainement pas pour tout le monde, et dès lors, tout s’éclaire.

Car il a bien fallu concéder au public un petit bout de piste : si chaque année GAUTIER SAUVAGNAC puisait sans laisser de trace environ deux millions d’euros, c’était pour alimenter des "organes de la vie sociale".

Lesquels ?

La question est fondamentale.
Ce n’est pas sur l’enquête policière qu’il faut compter pour avoir la réponse. Tout a été fait pour qu’elle s’enterre toute seule. Elle sera abandonnée faute de plaignant. Ce n’est pas non plus sur GAUTIER SAUVAGNAC. L’énor-me prime qui lui a été concédée sonne comme la garantie qu’il ne parlera pas. C’est encore moins sur l’UIMM et le MEDEF. S’ils préfèrent révéler leur caractère mafieux plutôt que d’avouer la vérité, c’est pour protéger leurs agents doubles.

Car dans une situation économique qui voit monter la grogne d’un prolétariat contraint de travailler plus pour gagner moins, dans un contexte social ou les salariés sont capables de s’organiser, de passer à l’action et de mettre à genou leur direction en 24 heures (comme à Courchevel ce 25 février), le patronat a besoin d’alliés. Pour désamorcer habillement les conflits en organisant quelques journées d’action ponctuelle dans les secteurs les plus sensibles, pour isoler les luttes, pour distiller le venin de la résignation, il a recours aux "organes de la vie sociale" spécialisés dans ce domaine : les centrales syndicales.

Il a aussi besoin de ses partenaires habituels pour qu’ils viennent s’asseoir à la table des négociations, parler au nom de tous et brader les luttes ouvrières. Il est prêt à les payer pour cela. Maintenant, nous connaissons le tarif : 2 millions d’euros par an.
Ed.

UIMM : Union des industries et des métiers de la métallurgie.

Contact


Envoyer un message