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Grève historique dans la grande distribution.

Publié le 25 mars 2008

Historique car cela fait des années qu’aucun appel à la grève n’a été lancé de façon unitaire et nationale par toutes les centrales syndicales. Historique surtout parce que jamais la grève n’a été autant suivie ! La revendication de tous c’est l’augmentation des salaires et le refus de l’ouverture généralisée des magasins le dimanche (promise par le candidat Sarkozy).

Aujourd’hui je vais sur le parking du centre commercial où j’ai passé tellement d’années. Le piquet de grève, matinal, est plutôt masculin. Ce sont les salariés de l’épicerie, de la boucherie, du textile qui ont démarré la grève. On attend midi pour voir arriver les caissières. En effet, l’intersyndicale du centre commercial de Portet-sur-Garonne, qui avait tout d’abord appelé à un débrayage de midi à deux heures, s’est ravisée et a, sur la pression de la base, agrandi le mot d’ordre à toute la journée. Au-dessus, les drapeaux de la CGT, ici majoritaire, mais aussi de la CFDT, de la CFTC, de FO, et de SUD. À midi, comme prévu, les caissières débrayent et rejoignent le rassemblement. Nous sommes maintenant entre 200 et 300. Et nous manifestons dans la galerie marchande. Le mégaphone annonce 80 % de grévistes à Carrefour Purpan, des centres commerciaux obligés de fermer dans le Sud-Est avec 100% de grévistes. Le mouvement est général et massif ! Il y a maintenant des salarié(e)s de CONFORAMA, de DARTY, de IKÉA, de PLANÊTE SATURN, de KIABI, de PICARD et de l’entrepôt de LECLERC... Puis le mot d’ordre est lancé. Nous allons entrer dans CARREFOUR. Aucune hésitation. Pas un geste du directeur du magasin, des vigiles et des cadres. Je suis soufflé.
Après toutes ces années d’arrogance des chefs, de mépris des collègues, des coups parfois, (comme à Labège, quand la direction avait ouvert pour un jour férié et que nous avions tenté de nous y opposer), après toutes ces années de solitude et de tristesse, je vois aujourd’hui des jeunes salariés, des caissières entrer dans le magasin en criant, en rigolant, en scandant et... les petits chefs reculer sans rien dire.

Nous remontons la batterie de caisses où quelques pauvres stagiaires, celles qui n’ont rien à dire, "c’est ça ou la porte !", tiennent encore quelques caisses. Les clients s’agglutinent et se taisent ! Il n’y a plus que les cris : "Le dimanche il n’y pas de volontariat !" "Augmentez nos salaires !", "Le dimanche à la maison !"... Alors j’ai pris mon stylo et j’ai noté : Derrière les drapeaux les banderoles et les slogans il y a des gens. - Bruno a un an d’ancienneté à CARREFOUR. Il travaille 35 heures par semaine au rayon boucherie après avoir passé un CAP de boucher. Il gagne... 7,50 euros de l’heure soit 978 euros par mois. - Stéphane à 9 ans d’ancienneté à CARREFOUR, il est gestionnaire conseiller de vente de niveau 3, il gagne... 1070 euros par mois - Véronique à 11 ans d’ancienneté chez PICARD. Elle est responsable de magasin et travaille 35 heures par semaine mais de façon modulée sur l’année. Son entreprise a été rachetée par un "fond de pension" et du coup les conditions de travail se sont dégradées de façon insupportable. Elle gagne... 1200 euros par mois. - Françoise a 35 ans d’ancienneté chez CARREFOUR. Elle est caissière et une des rares à travailler encore à temps complet pour... 1300 euros net. Elle dit que son salaire est plus élevé que celui des nouvelles embauchées car il y a eu une intégration des primes d’ancienneté et d’assiduité. Pour celles-ci le salaire horaire est de 8,59 euros et la plupart travaillent en temps partiel imposé entre 20h et 30h. - Enfin, Mathilde est retraitée, depuis un peu moins d’un an, après 34 ans de caisse à CARREFOUR, à temps plein, et elle touche en retraite 756 euros de la Sécurité Sociale et 200 euros de la retraite complémentaire. Petit rappel trouvé sur le web : "Au premier semestre 2006, Carrefour a dégagé un bénéfice net de 735 millions d’euros."

Caillou, 1er février 2008

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