Accueil > Luttes > Boulangerie > Nous voulons le croissant, pas les miettes !

Nous voulons le croissant, pas les miettes !

Publié le 18 octobre 2022

Traduction de l’article de nos compagnons du WAS-section de l’AIT en Autriche, à propos d’une lutte contre le patron de la boulangerie « à la française » Le Firin, qui refuse de payer ses ex-salariés. (pour le contexte, voir l’article « Cafés viennois et piquets de grèves : le WAS dans l’action »).

Nos compagnons de la WAS (Wiener ArbeiterInnen-Syndikat, syndicat des travailleurs de Vienne), section de l’AIT (Association Internationale des Travailleurs) en Autriche, sont impliqués dans une série de conflits dans les cafés et boulangeries de la capitale autrichienne. Les problèmes que rencontrent les travailleurs là-bas sont les mêmes que ceux des mêmes secteurs rencontrent ici. Leur lutte est donc une inspiration pour nos luttes à venir.

Nos compagnons de la WAS (Wiener ArbeiterInnen-Syndikat, syndicat des travailleurs de Vienne), section de l’AIT (Association Internationale des Travailleurs) en Autriche, sont impliqués dans une série de conflits dans les cafés et boulangeries de la capitale autrichienne. Les problèmes que rencontrent les travailleurs là-bas sont les mêmes que ceux des mêmes secteurs rencontrent ici. Leur lutte est donc une inspiration pour nos luttes à venir.

En ce moment, nous avons six conflits du travail en cours au Syndicat des travailleurs de Vienne. L’un d’eux concerne deux anciennes salariées de la chaîne de boulangerie « Le Firin » à Vienne, qui appartient au groupe CSC. Deux travailleurs de cette boulangerie, par ailleurs fort rentable, ont fini par démissionner suite au paiement inexistant ou insuffisant de leurs heures supplémentaires, congés payés, astreintes, primes COVID, salaires du mois de mars, etc. Ils se sont adressés à la WAS-AIT pour qu’elle les aide dans leur lutte face à des patrons agressifs. Après des tentatives infructueuses de conciliation à l’amiable avec le patron pour qu’il paye à ses ex-salariés leur dû, les compagnons sont passés à la phase active et publique en organisant régulièrement des piquets devant les boulangeries du groupe et en appelant à leur boycott.

« Nous avons distribué nos tracts aux passants et clients ainsi qu’aux salariés des boulangeries. Si certains travailleurs semblaient très intimidés et n’osaient même pas prendre les informations que nous leur avions préparées en allemand et en turc (beaucoup des travailleurs sont d’origine turque), d’autres collègues étaient très motivés et ont cherché à entrer en contact avec le syndicat. Nous savons maintenant que les autres salariés ne reçoivent pas leur salaire non plus… Quinze jours après ces premiers rassemblements, la situation n’a pas évolué. La boulangerie n’a toujours pas payé les salaires et les indemnités restant dues. » Les compagnons ont alors décidé d’organiser un rassemblement plus massif le 29 mai 2022.

« Le jour dit, plus de 100 compagnons et amis se sont réunis dimanche midi devant la boulangerie « Le Firin » pendant l’heure de pointe. Nos deux compagnons qui sont en lutte contre leur ex-patron ont vécu ce que signifie ne plus être seuls et lutter ensemble contre les structures d’exploitation. La prise de conscience que nous ne sommes pas confrontés isolément à un patron maléfique, mais bien à un système dont le nom est le capitalisme et qui conduit inévitablement à l’exploitation, mûrit chez de nombreuses personnes et vient de faire descendre dans la rue un nombre à trois chiffres dans la solidarité de classe avec nous. La lutte contre le patron du « Firin » n’est qu’une parmi de nombreuses autres, dans lesquelles de nombreux travailleurs concernés veulent désormais lutter contre le mépris structurel de nombreux droits du travail. Aussi l’importance de telles manifestations ne doit pas être sous-estimée, d’autant plus que les femmes et les migrants sont encore plus touchés par les contraintes économiques ».

En attendant, outre nos deux compagnons, nous avons des contacts avec cinq autres anciens ouvriers du « Firin » qui ont vécu des expériences similaires et auraient déjà gagné des procès devant le Conseil des Prud’hommes. La chose prend de l’ampleur et est devenue un succès sans faille - parce que nous ne nous attendions pas vraiment à vivre le plus grand rassemblement du WAS depuis notre création. Cela montre cependant que la question posée au « Firin » touche vraiment beaucoup de gens directement. C’était particulièrement agréable de voir que de nombreux travailleurs issus de l’immigration y ont participé. Les chants étaient en partie en allemand, en turc et en anglais. Et l’affiche de solidarité de notre anarcosyndicat frère en France, la CNT-AIT, qui avait spontanément envoyé un message de solidarité, était également là.
Incidemment, le directeur et le propriétaire étaient aussi présents et ont dû écouter nos slogans pendant deux heures et demie. Ils ont pu profiter de notre tract « Die Arbeiter von Wien » en turc et voir en direct combien de clients, après avoir reçu des informations de notre part, ont fait demi-tour et [ont déclaré qu’ils] ne feront plus leurs achats au « Firin » pour le moment. Nos 300 tracts destinés aux passants étaient même trop peu nombreux et ont disparu avant la fin du rassemblement. Pour les prochaines actions, nous en imprimerons beaucoup plus !

Après le rassemblement, nous avons fait un débriefing impromptu et une réunion de « réseautage » à proximité. De nombreux nouveaux contacts ont été noués et nous avons pu montrer à plusieurs personnes comment fonctionnent les syndicats anachosyndicalistes et où réside le pouvoir de l’auto-organisation par rapport aux institutions représentatives. Nous avons également expliqué que nous, en tant que WAS, continuerons le conflit jusqu’à ce que nos compagnons reçoivent tout leur argent, et cela a évidemment impressionné certaines personnes, d’autant plus qu’il n’y a pas de fonctions rémunérées dans les syndicats anarcho-syndicalistes et que tout se fait sur la base du volontariat.

Les patrons du « Firin » auront certainement besoin de quelques jours avant de commencer à faire des calculs commerciaux et à se demander si la nouvelle perte d’image est proportionnelle aux quelque 3 000 euros d’écart que nous avons eus lors des négociations de jeudi. Tôt ou tard, tous les capitalistes se rendent compte qu’il vaut mieux donner les droits minimaux du travail bourgeois - certains au bout d’une semaine, d’autres avec qui nous avons eu affaire, ont mis 1 an et demi à s’en rendre compte, mais ensuite, ils ont quand même payé, …

Yaşasın sendikal mücadelemiz ! Vive notre lutte syndicale !
WSA-AIT, Vienne, le 29 mai 2022 »

Contact


Envoyer un message